Dans une épicerie Amazon Fresh à Seattle (Washington), aux Etats-Unis, le jeudi 2 mai.

La souffrance de « Main Street » et de l’Américain moyen, c’est paradoxalement Wall Street qui la décèle le mieux. Qu’on regarde : Starbucks, le roi du café, a chuté de 16 % en Bourse ; Tyson Foods, celui du bœuf, du porc et du poulet, de 9 % ; Yum, propriétaire de KFC (Kentucky Fried Chicken) a enregistré un recul de 6 %. Lorsque ces multinationales insubmersibles ont annoncé les résultats du premier trimestre 2024, ce fut la douche froide à Wall Street.

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Explication : le consommateur américain, épuisé par une inflation cumulée qui atteint 20 % depuis l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, commence à se serrer la ceinture. Certes, ces entreprises souffrent de la stagnation en Chine, de la force du dollar et de la guerre au Proche-Orient, mais pour la première fois depuis la crise liée au Covid-19, la consommation semble caler aux Etats-Unis.

Les patrons des entreprises concernées furent unanimes lors de la présentation de leurs résultats aux analystes financiers. « Le consommateur est sous pression, en particulier les ménages à faible revenu », a déclaré lundi 6 mai Melanie Boulden, responsable des plats cuisinés chez Tyson Foods. « Une inflation cumulée de 20 % au cours des trois dernières années » a contribué, selon elle, à créer un « consommateur plus prudent et plus sensible aux prix ». Même sentiment exprimé par Chris Kempczinski, PDG de McDonald’s, qui décèle de surcroît une prudence généralisée. « Cela est peut-être plus prononcé chez les consommateurs à faible revenu, mais il est important de reconnaître que toutes les tranches de revenus veulent en avoir pour leur argent », a estimé le patron du leader de la restauration rapide.

Un recul exceptionnel

Résultat, ces géants connaissent un recul exceptionnel de leur chiffre d’affaires. Chez Starbucks, la situation est franchement mauvaise avec des ventes par point de vente en baisse de 4 % : « Notre performance ce trimestre a été décevante et n’a pas répondu à nos attentes », a confirmé le PDG Laxman Narasimhan. KFC a vu son chiffre d’affaires reculer de 2 % alors que les analystes s’attendaient à une hausse.

Même le géant du marketing Procter & Gamble, propriétaire des couches Pampers ou des rasoirs Gillette, reconnaît des « vents contraires », avec une hausse des ventes de 3 %, inférieures aux attentes. Le célèbre ketchup de Kraft Heinz est lui aussi touché, avec une baisse des volumes de ventes, attribuée notamment à la fin des programmes alimentaires décidés durant l’épidémie de Covid et au recul des ventes aux restaurants.

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