Le président kényan William Ruto à Washington, le 24 mai 2024.

Le déploiement de policiers kényans dans le cadre d’une mission soutenue par l’ONU en Haïti, pays en proie à la violence des gangs, aura lieu « probablement la semaine prochaine ou la suivante », a assuré dimanche 9 juin le président kényan William Ruto.

Le Kenya, pays d’Afrique de l’Est, doit prendre la tête de cette mission, validée en octobre 2023 par le Conseil de sécurité de l’ONU, avec l’envoi de 1 000 policiers dans l’Etat des Caraïbes. D’autres pays doivent également contribuer à cette force (Bénin, Bahamas, Bangladesh, Barbade, Tchad…).

« Probablement d’ici à la semaine prochaine ou la suivante, nous enverrons des policiers pour rétablir la paix » en Haïti, a déclaré le chef de l’Etat kényan lors d’un déplacement à Nakuru, dans le centre du pays.

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Lors de sa visite d’Etat aux Etats-Unis, M. Ruto avait affirmé à la BBC le 25 mai qu’il s’attendait à une arrivée des forces kényanes dans environ trois semaines. Le 31 mai, le président kényan s’était dit « confiant » quant au déploiement prochain de policiers.

La mission, dans laquelle les Etats-Unis sont très impliqués sur le plan logistique – sans toutefois fournir d’hommes –, doit épauler la police haïtienne dans la lutte contre les gangs qui terrorisent la population.

Une instabilité politique chronique

Pays pauvre des Caraïbes, Haïti souffre depuis des dizaines d’années d’une instabilité politique chronique. La capitale Port-au-Prince est à 80 % aux mains des bandes criminelles, accusées de nombreuses exactions, en particulier meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon. La population est également confrontée à une grave crise humanitaire, avec des pénuries de nourriture, de médicaments et d’autres produits de base.

Au Kenya, l’opération suscite de vives critiques et a fait l’objet de recours en justice. Un parti d’opposition a déposé mi-mai un nouveau recours pour l’empêcher, accusant le gouvernement d’« outrage au tribunal », ce dernier ayant jugé l’opération « inconstitutionnelle, illégale et invalide » le 26 janvier, mais le gouvernement n’en a pas tenu compte.

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L’ONG Human Rights Watch a également affirmé dans un communiqué publié fin mai qu’au-delà des procédures judiciaires, la mission faisait face à des questionnements s’agissant du « respect des droits humains » mais aussi du financement. La police kényane est souvent accusée par les défenseurs des droits d’utilisation excessive de la force et d’exécutions extrajudiciaires.

Selon l’ONG, le « fonds fiduciaire » de l’opération a reçu jusqu’ici 21 millions de dollars, bien en dessous des 600 millions de dollars de coûts totaux estimés pour l’opération. Face aux critiques, M. Ruto – qui s’attache à imposer le Kenya sur la scène internationale – a défendu une « mission pour l’humanité », dans un pays ravagé selon lui par le colonialisme.

Le Monde avec AFP

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