Le FMI publie ses prévisions économiques mondiales lors des ses réunions de printemps avec le groupe de la Banque mondiale, au siège du FMI à Washington, DC, le 16 avril 2024.

Soutenue par l’économie des Etats-Unis et de certains pays émergents, à commencer par l’Inde et le Brésil, l’économie mondiale semble bien partie pour réaliser de meilleures performances que cela n’était prévu, a estimé, mardi 16 avril, le Fonds monétaire international (FMI), qui reste prudent pour 2025.

L’institution, établie à Washington, s’attend désormais à une croissance mondiale de 3,2 % pour 2024, révisée en légère hausse par rapport à son estimation de janvier, de 3,1 %, et au même niveau pour 2025, inchangé par rapport à ses prévisions de début d’année.

Il s’agit de la seconde révision positive des anticipations du Fonds, mais cette performance espérée de l’économie mondiale viendrait confirmer son ralentissement sur le long terme, se situant à un niveau sensiblement inférieur à la tendance historique observée entre 2000 et 2019, de 3,8 % en moyenne, et plus encore à celle du siècle dernier.

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Une croissance « stable » face à l’inflation

« L’économie mondiale continue de faire preuve d’une remarquable résilience, avec une croissance qui reste stable et une inflation qui recule, mais de nombreux défis continuent d’être face à nous », a déclaré le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, lors d’une conférence de presse.

Depuis la publication de la première version de son rapport sur l’économie mondiale (WEO) pour cette année, en octobre dernier, le FMI a revu de 0,3 % à la hausse ses prévisions de croissance mondiale.

Malgré des taux qui restent élevés et une inflation qui évolue diversement selon les pays – proche de la cible en Europe et faible en Chine, mais toujours trop élevée aux Etats-Unis –, la solidité du marché de l’emploi et de la consommation permet à l’économie mondiale de montrer une certaine fiabilité.

La croissance française revue à la baisse

Après une révision positive de 0,6 point de pourcentage (pp), en janvier, par rapport aux prévisions initiales d’octobre, le FMI a révisé une nouvelle fois, dans une même proportion, la croissance américaine pour cette année, qu’il attend désormais à 2,7 %.

« Les performances très solides des Etats-Unis sont le résultat d’une croissance de sa productivité, de son offre de travail, mais aussi une demande qui reste forte et pourrait venir faire remonter l’inflation. Cela doit pousser la Réserve fédérale à une approche prudente et graduelle vers un relâchement » de sa politique monétaire, a détaillé M. Gourinchas.

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Une tendance qui ne se retrouve cependant pas dans les autres économies avancées, et en particulier dans la zone euro, dont la croissance, déjà faible, est revue en légère baisse, à 0,8 % (− 0,1 pp). En cause, la fragilité des deux premières économies de la zone, l’Allemagne et la France, dont la croissance est dans les deux cas revue à la baisse, de 0,3 pp, à respectivement 0,2 % et 0,7 %.

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« La croissance rebondit dans la zone euro cette année, mais on part de niveaux très bas », a rappelé Pierre-Olivier Gourinchas, « contrairement aux Etats-Unis, il n’y a pas de signe d’une surchauffe de l’économie, la Banque centrale européenne (BCE) doit désormais se montrer prudente concernant son virage vers une détente de sa politique monétaire ».

L’Italie aussi devrait continuer à tourner au ralenti, également à 0,7 %, mais l’Espagne devrait connaître une tendance nettement plus positive, en hausse de 0,4 pp, à 1,9 %. Hors Union européenne, le Royaume-Uni devrait également voir son économie rester atone, avec une croissance attendue à tout juste 0,5 % (− 0,1 pp).

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Ralentissement de l’économie chinoise

Du côté des pays émergents, l’Inde et le Brésil ont connu la plus forte révision à la hausse, respectivement à 6,8 % et 2,2 % anticipés cette année. Pour l’Inde, la bonne tenue de la demande intérieure ainsi que l’augmentation de la population active viennent soutenir une croissance qui sera parmi les plus élevées au monde. Du côté du Brésil, la croissance anticipée reste moins élevée qu’en 2023, même si mieux qu’attendu initialement, en particulier du fait des effets du resserrement monétaire et de la consolidation budgétaire en cours.

La Chine, en revanche, voit ses prévisions inchangées, avec 4,6 % de croissance attendus cette année, signe que le ralentissement de l’économie chinoise se poursuit.

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« Le gouvernement chinois a annoncé le mois dernier des mesures visant à stimuler l’économie, mais la faiblesse du secteur immobilier reste persistante, et notre approche, en tenant en compte de ces deux éléments, est de laisser inchangée notre prévision » pour l’économie chinoise, a expliqué M. Gourinchas.

Comme en 2023, l’économie russe devrait, de son côté, rester robuste, avec une nouvelle révision à la hausse de la croissance, attendue désormais cette année à 3,2 % (+ 0,6 pp), malgré les sanctions économiques toujours en place, mais qui reste soutenue par le volume des dépenses publiques, en particulier militaires dans le contexte de la guerre en Ukraine.

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Le Monde avec AFP

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