La pêche sera interdite dès ce mercredi, et pendant quatre semaines, dans le golfe de Gascogne.
Une mesure prise pour préserver les dauphins contre les captures accidentelles.
Environ 300 bateaux resteront donc à quai jusqu’au 20 février.

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La mesure a fait ses preuves l’année dernière. Dès mercredi 22 janvier et jusqu’au 20 février, la pêche sera de nouveau interdite dans le golfe de Gascogne pour protéger les dauphins. Une fermeture qui a contribué, l’hiver dernier, à diviser par quatre les captures accidentelles de petits cétacés.

Ce sont donc 300 bateaux qui resteront à quai, du Finistère à la frontière espagnole. Les pêcheurs impactés bénéficieront, comme en 2024, d’une indemnisation gouvernementale à hauteur de 80% de leur chiffre d’affaires. Mais cette promesse n’éteint pas la grogne de la profession persuadée que des alternatives technologiques existent pour réduire ce phénomène.

« C’est efficace »

Testée pour la première fois du 22 janvier au 20 février 2024, la fermeture à la pêche du golfe de Gascogne, inédite à une telle échelle dans cet espace depuis la Seconde Guerre mondiale, a démontré son efficacité pour protéger les dauphins. Selon un bilan publié en novembre dernier par l’observatoire Pelagis, qui coordonne le Réseau national échouages, 1450 dauphins sont morts par capture accidentelle entre le 1er décembre 2023 et le 31 mars 2024 sur la façade Atlantique et la Manche Ouest, contre 6100 en moyenne entre 2017 et 2023.

« C’est efficace, les chiffres le prouvent », souligne Jérôme Spitz, codirecteur de l’institut installé à La Rochelle, qui précise que « les dauphins communs sont capturés lorsqu’ils sont en train de s’alimenter ». « Cette fermeture a été l’un des principaux leviers de la diminution des captures accidentelles, même s’il peut y avoir eu une conjonction de plusieurs mécanismes, parce qu’en dehors des périodes de fermeture, on n’a pas eu des niveaux de mortalité très élevés », ajoute-t-il.

L’année à venir pourrait d’ailleurs être différente car « on a des phénomènes de pics » en matière d’échouages, avec parfois « des fortes mortalités en décembre, d’autres années en mars », précise Jérôme Spitz. « Je ne pense pas que la fermeture dans sa forme actuelle soit satisfaisante sur le long terme », nuance-t-il, évoquant « une mesure d’urgence en attendant des mesures structurelles plus pérennes qui permettent de maintenir l’activité économique de pêche et la viabilité à long terme des populations ».

Une « solution simpliste »

« La fermeture, c’est la solution simpliste pour limiter l’interaction. C’est sûr que si on empêche l’activité, il n’y a pas d’interaction, donc une diminution des captures », abonde Julien Lamothe, directeur de l’organisation de pêcheurs FROM Sud-Ouest. Satisfait du « soutien de l’État pour poursuivre les indemnisations », avec une enveloppe de 20 millions d’euros également à destination des mareyeurs, il est surtout impatient de « pouvoir enfin développer des expérimentations à large échelle pour trouver des solutions alternatives à la fermeture, au travers notamment du test de répulsifs ».

Un peu plus de la moitié des 300 bateaux indemnisés sont déjà ou seront prochainement équipés d’effaroucheurs (« pingers ») ou de balises acoustiques destinées à éloigner ou avertir les dauphins du danger. « Il faut maintenant montrer scientifiquement que ça fonctionne », a également déclaré vendredi la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, dont l’objectif est « la réouverture du golfe de Gascogne pour le mois de février 2027 »

Depuis une dizaine d’années, le nombre de prises accidentelles de dauphins dans la zone dépasse le niveau soutenable estimé à 4900 décès au maximum, selon le CIEM, organisme scientifique international de référence. Sous le coup d’une procédure d’infraction de la Commission européenne et pressé d’agir par le Conseil d’État, saisi par des associations environnementales, le gouvernement avait ordonné à l’automne 2023 cette fermeture « spatio-temporelle » de la pêche pour l’essentiel des bateaux de plus de huit mètres en 2024, 2025 et 2026. 


N.K avec AFP

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