Face aux ambitions de Donald Trump et son intention de « prendre » le Groenland au Danemark, la Chine de Xi Jinping reste pour l’instant muette. Elle poursuit cependant un double objectif dans l’Arctique. L’un est économique, et notamment minier, l’autre est stratégique : diffuser son influence sur Nuuk, la capitale de l’île, pour répliquer à l’influence des Etats-Unis sur Taïwan.
Le Groenland apparaît comme la nouvelle frontière minière mondiale. Ses richesses minérales de ses plus de 2 millions de km² semblent immenses en minéraux : béryllium, cobalt, cuivre, diamants, feldspath, gallium, hafnium, lithium, molybdène, nickel, niobium, or, platinoïdes, strontium, tantale, terres rares, titane, uranium, vanadium, tungstène… En outre, le potentiel réel du pays reste inconnu. Quelque 250 sociétés d’exploration armées de 700 permis prospectent moins de 2 % du territoire sur les 20 % de zones côtières accessibles. Les 80 % restant, sous la glace, recèlent d’autres richesses.
Toutefois, la viabilité d’éventuelles mines y dépend d’un équilibre entre la teneur des gisements et les futures conditions de marché, d’un compromis entre les 57 000 Groenlandais et leur environnement, mais surtout de la construction de routes et d’apports d’énergies.
La stratégie de Pékin pour gagner des accès miniers, soit comme opérateur direct soit comme actionnaire stratégique, est éprouvée et ancienne. C’est celle de l’excellence de ses filières minières et métallurgiques. Elaborée au plus haut niveau de l’Etat, notamment par Wen Jiabao, ancien premier ministre (2003-2013) et géologue, elle fut un succès. La Chine a ainsi gagné ses accès au nickel d’Indonésie, au cobalt de République démocratique du Congo, au cuivre du Pérou, au lithium du Chili, et l’Occident n’a pas réagi.
En 1956, le Danemark, en quête d’uranium, a découvert la mine groenlandaise de Kvanefjeld. Il a cherché en vain à l’exploiter jusqu’en 1982. Reconverti en mine de terres rares en 2007 au profit de l’australien Energy Transition Minerals (ETM), ce projet a alors bénéficié de financements de l’Union européenne (UE). En 2016, le chinois Shenghe Resources est devenu actionnaire stratégique d’ETM, puis a acheté, en 2018, son minerai à terme. En 2019, il s’est associé avec China National Nuclear Corporation pour en raffiner, en Chine, les terres rares et l’uranium nécessaire à son électricité thermonucléaire.
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