Karim Rissouli, journaliste sur France 5 où il présente notamment l’émission « C ce soir », a dévoilé sur Instagram le contenu d’un courrier raciste et anonyme « reçu à son domicile » mardi 25 juin. « Pas au travail. Pas sur les réseaux. Chez moi », a-t-il souligné au-dessus d’une photo de la lettre, dont voici des extraits :

« Franchement Karim, tu n’as pas compris le vote du 9 juin. Ce n’est pas le pouvoir d’achat, ce n’est pas la retraite à 60 ans, ce n’est pas la privatisation de Radio France, la seule et unique raison fondamentale du vote RN, c’est que le peuple français historique en a plein le cul de tous ces bicots, le reste c’est du bla-bla. Le “Souchien” [Français de souche] ne t’acceptera jamais, ni toi, ni tes frérots, et même malgré le nombre vous ne posséderez jamais la France ».

Le journaliste a lu ces extraits dans une interview à Brut, dans laquelle il dit recevoir « régulièrement » des insultes et des menaces de mort sur les réseaux sociaux. « Ça va bien au-delà de mon cas personnel », dit-il. « Je pense aussi à tous ces gens qui sont racisés, des Noirs, des Arabes, des juifs, des musulmans, des homosexuels, des trans, bref tous ceux qui vivent des discriminations au quotidien et qui ont peur aujourd’hui que la parole raciste se libère. »

Dans l’actuel contexte politique, très volatil, il rappelle qu’ « il faut peut-être qu’on se souvienne collectivement que le racisme c’est pas une opinion, c’est un délit et que les choses qu’on dit dans le débat public ont parfois des conséquences qui peuvent être graves ».

Des soutiens politiques et de sociétés de journalistes

La Société des rédacteurs du Monde a apporté « tout son soutien » à Karim Rissouli, ainsi qu’à Mohamed Bouhafsi, journaliste à l’émission « C à vous », et Nassira El Moaddem, journaliste à « Arrêts sur images », qui ont également « reçu récemment des insultes racistes ». Cette dernière a diffusé une photo d’une lettre raciste reçue par sa mère « après le cyberharcèlement raciste provoqué par le député d’extrême droite @JulienOdoul ». La Société des journalistes de Mediapart a également apporté son soutien à Karim Rissouli, « victime à son tour de propos abjects ».

Des personnalités politiques et médiatiques ont également pris la parole dans cette affaire. « La libération de la parole raciste en action », a dénoncé la députée européenne LFI Manon Aubry, soutenant les « victimes de ce racisme décomplexé ». « Nous assistons depuis l’annonce de la dissolution à une libération de la parole raciste », déplore Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes.

« Un vent de libération souffle dans les esprits où macèrent les haines faisandées », a déclaré La Licra, prédisant des « lendemains marécageux » en cas de victoire du RN aux législatives.

Lire aussi le portrait : Article réservé à nos abonnés Karim Rissouli, le sens de la nuance

Le Monde

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