Le premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, lors d’une interview avec l’Associated Press, à Pristina, le 29 septembre 2023.

Des ressortissants de pays tiers expulsés des Etats-Unis ont été déportés au Kosovo, a annoncé le premier ministre, Albin Kurti, vendredi 12 décembre, en difficulté sur un plan intérieur et avec son traditionnel allié américain. Au détour d’un long entretien sur la chaîne de télévision Kanal10, M. Kurti a confié que le Kosovo acceptait les personnes « que les Etats-Unis ne veulent pas sur [leur] territoire ». « Si je ne me trompe pas, un ou deux d’entre elles sont là », a-t-il dit, sans plus de précisions sur la date de leur arrivée, leur nationalité, ni l’endroit où elles se trouvent.

Leur déportation se fait en vertu d’un accord, adopté lors d’une session du gouvernement kosovar sortant en juin, donné pour un an et qui concerne cinquante personnes. « Dans le but de faciliter leur retour en toute sécurité dans leur pays d’origine », avait à l’époque affirmé M. Kurti.

Le Kosovo, pays parmi les plus pauvres d’Europe, indépendant depuis 2008, souhaitait par cet accord exprimer sa gratitude envers les Etats-Unis pour leur soutien et leur coopération. Il s’agit de montrer la « reconnaissance éternelle » du pays envers les Etats-Unis, qui ont toujours défendu l’indépendance de cette ancienne province serbe, avait expliqué le gouvernement au printemps.

Depuis, M. Kurti, arrivé en tête aux élections législatives de février, a échoué à former un gouvernement et été contraint d’accepter de nouvelles élections. Le scrutin est prévu le 28 décembre. La situation et la politique de M. Kurti envers la minorité serbe lui ont valu des mots durs des Américains, qui l’ont accusé il y a quelques jours de « compromettre la stabilité » du pays en empêchant un parti politique serbe de se présenter aux élections de décembre.

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Un des pays les plus proaméricains du monde

Un ton qui tranche avec des années de soutien de Washington. Les Kosovars se décrivent volontiers comme le peuple le plus proaméricain du monde, et les drapeaux américains sont partout dans la capitale, Pristina. L’un des plus grands boulevards de la ville honore l’ex-président George W. Bush. Bill Clinton y a aussi un boulevard à son nom, ainsi qu’une statue. La popularité des Etats-Unis se double d’une influence économique et politique considérable.

Avant l’accord avec Washington, le Kosovo avait déjà ratifié un accord à hauteur de 200 millions d’euros avec Copenhague pour l’accueil de prisonniers étrangers condamnés au Danemark, et qui pourront purger leur peine dans une prison kosovare.

Les Balkans sont de plus en plus envisagés par les pays occidentaux pour y renvoyer des personnes dont la demande d’asile aurait été rejetée et faisant face à une obligation de quitter le territoire.

Lundi, les 27 pays de l’Union européenne (UE) ont entériné un net durcissement de leur politique migratoire, ouvrant notamment la voie à l’envoi de migrants dans des centres situés hors des frontières de l’UE et les Balkans semblent possiblement visés.

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L’Albanie compte déjà des centres de retour pour les migrants arrivant d’Italie, qui n’ont accueilli cependant que quelques dizaines de personnes : plusieurs décisions de tribunaux italiens ont remis en cause la légalité de ces détentions.

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Le Monde avec AFP

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