Le constat est sans appel. « Les attributions de logements sociaux s’écroulent, le système craque, et, à Paris, la situation se dégrade au point qu’en 2024 nous avions 290 000 demandeurs, mais seuls 9 000 logements HLM ont pu être attribués », reconnaît Jacques Baudrier, l’adjoint à la mairie de Paris chargé du logement. Parmi ces demandeurs, 11 000 femmes victimes de violences. « Parfois, en commission d’attribution des logements sociaux, il y a cinq cas terribles, et il faut choisir celui qui est le plus désespéré. Et c’est insupportable », poursuit l’élu, en soulignant que le budget logement de la Ville a pourtant doublé en cinq ans.

Habitué à gérer la file d’attente des ménages ayant demandé un logement social, le monde HLM se trouve pourtant désemparé par l’ampleur de la tâche. « Gérer la pénurie, c’est insensé quand elle est paroxysmique comme aujourd’hui, confie Christine Laconde, directrice générale de la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), deuxième bailleur social parisien, avec plus de 60 000 logements sociaux. Quelle est notre participation à la résolution de la crise du logement ? C’est tout petit. Malgré toute la bonne volonté, collectivement, nous ne sommes pas à la hauteur. »

L’observation des courbes, divergentes, des demandes et des attributions de logement social révèle la profondeur de la crise. Fin décembre 2024, 2,8 millions de ménages avaient déposé une demande, contre 1,7 million fin 2013, soit une hausse de 60 % (un tiers de ces demandes émane de ménages déjà locataires du parc social et candidats à une mobilité). Le nombre de ménages ayant emménagé dans un HLM a, dans le même temps, chuté drastiquement : les attributions de logement sont passées d’un pic de 500 000 en 2015 à 380 000 en 2024.

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