La préfecture de l’Orne a confirmé lundi la possibilité de la présence d’un loup dans le département où il n’aurait pas été aperçu depuis environ un siècle.
Réapparu dans les Alpes il y a plus de trente ans, le canidé étend progressivement sa présence à travers l’Hexagone.
Il serait désormais présent dans plus des trois quarts des départements.

Le loup est-il de retour en Normandie ? Un grand canidé qui présente les « critères morphologiques caractéristiques du loup gris » a en tout cas été observé dans la région à plusieurs reprises ces dernières semaines, notamment dans l’Orne et dans la Manche, selon l’Office Français de la Biodiversité. Or, dans l’Orne, « il s’agirait de la première observation d’un loup dans le département depuis son retour naturel en France au début des années 1990 », souligne la préfecture dans un communiqué ce lundi 3 février. « L’observation d’un animal seul et éloigné des zones où l’espèce est installée est caractéristique des individus en phase de dispersion, à la recherche d’un nouveau territoire », ajoute-t-elle, précisant que ces derniers « peuvent parcourir une centaine de kilomètres dans la même journée pour chercher un endroit où se fixer ».

Trente ans après le retour officiel du loup dans les Alpes françaises, la population du canidé est restée stable en 2024, avec 1013 individus comptabilisés sur le territoire, selon le traditionnel bilan annuel de la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui comptabilise le nombre de loups dans l’Hexagone. Mais il étend progressivement sa présence du sud vers l’ouest et le nord. 

Présent sur plus des trois quarts des départements français

En France, le suivi du loup est mené par l’intermédiaire du réseau Loup-Lynx composé de professionnels et de bénévoles qui collectent des indices sur le terrain. L’Office français de la biodiversité (OFB) est responsable de l’organisation de ce suivi et présente chaque année une estimation du nombre d’individus à l’échelle nationale, qui détermine le nombre de loups qui pourront être abattus légalement chaque année.  À titre de repère, le nombre de loups en France, qui était de 25 en 1999, n’a cessé de croitre depuis 10 ans, pour atteindre 1104 à la sortie de l’hiver 2022-2023, selon l’estimation annuelle.

Le loup continue ainsi son expansion à travers l’Hexagone, des Alpes, dans le Grand Est et jusqu’en Nouvelle-Aquitaine. Le canidé étend son territoire notamment en Occitanie, en raison de la présence d’un gibier abondant, comme le rappelait l’AFP en 2022.

Désormais, le canidé aurait conquis plus des trois quarts des départements français, selon une enquête du Figaro publiée en août dernier. « Au total, 83 départements ont sollicité les services de l’État pour mettre en place des mesures de protection des troupeaux contre le loup, c’est-à-dire la présence de bergers, de parcs nocturnes électrifiés et de chiens patous », a eu l’occasion d’expliquer Claude Font, secrétaire général de la Fédération nationale ovine (FNO), éleveur en Haute-Loire, à nos confrères. « Dans 60 départements, il y a eu des actes de prédation du canidé attestés par des constats de l’Office français de la biodiversité (OFB) », selon le professionnel, qui précisait alors que l’Aisne et les Deux-Sèvres étaient les deux derniers départements conquis par le loup.

Des départements reconquis après un siècle

Depuis, le loup a été encore été repéré dans de nouveaux territoires. Parmi ces départements nouvellement reconquis par le canidé, figure notamment la Gironde où sa présence a été confirmée par la préfecture en octobre dernier, une première depuis plus d’un siècle.

Dans l’Orne, où avant ce mois de janvier, les autorités n’avaient jamais pu non plus identifier formellement le loup depuis sa disparation au début du XXe siècle, les dernières traces remonteraient à 1916. « On rappelle souvent la date de 1888 comme étant la date de disparition du loup dans l’Orne et en Normandie. Sauf qu’on en retrouve quelques-uns en 1905 dans les environs d’Argentan, puis en 1916 à Bazoches-au-Houlme. Après cette date, le loup a totalement disparu du territoire », expliquait ainsi auprès de l’Orne Hebdo en 2023, Nicolas Blanchard à l’occasion de la sortie de son livre « L’Orne et le loup », un ouvrage de référence sur la présence du loup dans ce département. Dans le département voisin, le canidé a été observé il y a quelques années déjà, notamment dans la Manche (2023), dans le Calvados (en 2022), dans l’Eure (2021) en Seine-Maritime et en Eure-et-Loir (2020). Ces dernières années, l’animal a aussi été aperçu dans la Sarthe ou encore dans le Finistère.


Audrey LE GUELLEC

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