Le maire de Nice a fait part de son intention, lundi, d’interdire les navires de croisière les plus imposants dans sa ville.
« Je ne veux pas que des hôtels flottants jettent l’ancre devant Nice », a déclaré Christian Estrosi lors de la présentation de ses vœux.
Une idée défendue par de nombreux autres maires de littoraux envahis par un secteur en plein essor.

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« Ces croisières n’ont pas leur place chez nous ». Lors de ses vœux présentés lundi 20 janvier, le maire de Nice Christian Estrosi s’est montré particulièrement virulent à l’égard des paquebots de loisirs qui jettent leur ancre dans le port de sa ville chaque année. Il rejoint ainsi le flot d’élus de communes littorales, notamment en Méditerranée, dont les voix s’élèvent face à ces « villes flottantes » qui peuvent transporter jusqu’à 5000 passagers.

Le président de la métropole souhaite « interdire, en fonction des contrats signés en 2025, ces grosses unités » et n’autoriser que « celles qui n’excèdent pas les 190 mètres et une capacité de 900 passagers ». Ce qui diminuerait de 70% la fréquentation du port, selon les données communiquées par la Ville. Mais un maire peut-il vraiment décider d’interdire les croisières ? Pas si simple.

Des escales prévues sur deux ans

Si Christian Estrosi a annoncé vouloir prendre un arrêté dans ce sens, « ce n’est pas exactement comme ça que ça se présente, détaille Me Benoît Le Goaziou, avocat spécialiste en droit de la mer. Le choix d’accueillir une croisière ou non n’est pas la compétence du maire, il dépend aussi du Port et de la Chambre de commerce qui organisent les arrivées et les débarquements. Seul, un maire ne peut interdire ces croisières via un arrêté, cela ne rentre pas dans sa police d’interdire tel ou tel navire ».

L’édile a toutefois récemment repris la gestion du port niçois puisqu’il préside la métropole, ce qui pourrait faciliter les discussions. Reste que la décision semble difficile à appliquer dans l’immédiat, les escales dans les villes étant généralement organisées deux ans à l’avance avec plus de 100 arrêts qui seraient déjà prévus dans le port de Nice pour la seule année 2025.

Autre problématique : le port de Nice étant un port de petite taille, la plupart des croisiéristes restent au large et ne transportent leurs passagers que via des bateaux plus petits qui débarquent ensuite les voyageurs. Ces navires ne se situant alors pas sur le territoire de Nice, les interdire pourrait s’avérer compliqué. Car si en droit de la mer, chaque pays décide de la politique à mener dans sa mer territoriale, en France, c’est l’État qui a autorité sur ces espaces qui relèvent du domaine public, comme c’est le cas dans la plupart des pays européens.

117 escales à Nice en 2024

Nice, Cannes, La Rochelle ou encore Bordeaux… Si les bateaux de croisières semblent être de moins en moins bienvenus dans les ports français et européens – Venise en Italie et Amsterdam aux Pays-Bas ayant, elles aussi, mené des négociations pour limiter l’accueil des navires dans leur centre-ville – c’est que le secteur est en plein essor. Le nombre de ces bâtiments de loisir a doublé depuis les années 2000 avec des enjeux sociaux, économiques et environnementaux. 

Selon une note de l’ONG Transport et Environnement, leurs émissions de CO2 ont augmenté de 17% entre 2019 et 2022 et rien qu’en Europe, 215 paquebots de croisière ont émis 7,4 mégatonnes de carbone, soit autant en un an que 50.000 trajets Paris-New York en avion. Si l’on prend la seule Méditerranée, ce sont 27 millions de croisiéristes qui ont été recensés en 2022, selon le Plan Bleu et son rapport MED 2050 publié le 16 janvier dernier. Rien qu’en 2024, 117 escales ont été réalisées dans le port de Nice, selon les chiffres de la direction interrégionale de la mer Méditerranée, pour un total de 1691 sur les 24 ports de la côte méditerranéenne. 


Annick BERGER

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