Hausse de la demande, augmentation des transactions… Les acquéreurs réenclenchent leurs projets immobiliers au premier trimestre 2025.
Laforêt constate une « embellie » du marché, mais reste tout de même prudent.
Le réseau d’agences L’Adresse constate également « une réelle reprise du marché », mais prévient que « cette reprise reste encore fragile ».
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Investir dans l’immobilier
L’immobilier « semble avoir retrouvé un certain souffle, mais il reste sous surveillance ». C’est le résumé que fait Yann Jéhanno sur la situation du marché en ce début d’année 2025. « Le marché est avant tout celui de la continuité. L’année 2024 s’est terminée avec un deuxième trimestre qui allait crescendo, sur fond de baisse des taux des prêts immobiliers et de baisse des prix, avec des vendeurs plus enclins à négocier. Nous sommes rentrés en 2025 avec ces mêmes fondamentaux », explique le président du réseau Laforêt à TF1info.
Sur un an, la demande, autrement dit les personnes ayant confié leur projet au réseau d’agences Laforêt, a connu une forte accélération : elle a atteint +15% au niveau national. « Les acquéreurs semblent donc plus motivés qu’au début de l’année dernière pour réenclencher leurs projets immobiliers », constate Laforêt dans son « billet de tendances » du premier trimestre 2025. Les transactions confirment, elles aussi, cette amélioration. Le volume des transactions progresse de 12% au niveau national par rapport au premier trimestre 2024, assure Laforêt.
Une reprise « en dents de scie »
L’Adresse constate également « une réelle reprise du marché » au premier trimestre 2025 avec au global, une hausse des compromis signés de 20% par rapport au premier trimestre 2024, précise ce réseau qui a réalisé un sondage interne auprès de ses 330 agences immobilières. Pour autant, dans certaines agences, « cette reprise reste encore fragile ». Si « près de 40% des agences juge le marché dynamique au premier trimestre, plus de 50% considèrent que cette reprise est en dents de scie, avec de forts écarts d’activité (appels, visites, offres) selon les semaines et les mois ». Ce premier trimestre, « qui dans l’ensemble été très bon, a été assez atypique, avec un excellent mois de janvier quasi-record dans certaines agences, puis en février et mars, un niveau d’activité plus aléatoire », analyse Brice Cardi, président de l’Adresse, cité dans un communiqué.
« L’embellie » constatée s’explique notamment par « la tendance baissière des prix », engagée à la fin de l’année 2022 et intensifiée en 2023 et 2024, explique Laforêt, mais aussi par « l’amélioration des conditions de financement ». « Pour un banquier, le prêt immobilier est le premier outil de conquête des clients. Les banques ont délaissé les prêts ces dernières années mais elles sont revenues », relate Yann Jéhanno. Les taux d’intérêt ont atteint 3,19% en février 2025, contre plus 4,2% en décembre 2023, selon Laforêt. Ces baisses des prix et des taux ont permis aux Français de retrouver du pouvoir d’achat.
Un intérêt marqué pour les appartements
L’intérêt pour les appartements (+18%) dépasse nettement celui pour les maisons (+11%), constate Laforêt. Dans un contexte où les Français « regardent de plus près leur porte-monnaie, les appartements représentent souvent une enveloppe financière moins importante qu’une maison », en raison de coûts d’entretien et de fonctionnement moindres dans un appartement, selon Yann Jéhanno.
Du côté des acquéreurs, les secundo-accédants « continuent de dominer le marché », représentant 53% des achats et « confirmant leur rôle moteur ». Les primo-accédants signent 31% des ventes, tandis que les investisseurs restent plus prudents et représentent 16% des acquisitions. De son côté, l’Adresse observe que « tous les types d’acheteurs sont désormais de retour sur le marché, en particulier les secundo-accédant ».
« Les primo-accédants essayent de trouver des logements dont les prix entrent dans leur budget, quitte à acheter des passoires énergétiques ; en revanche, les secundo-accédants ne veulent plus faire de travaux », analyse Yann Jéhanno. Cette tendance apparue en 2024 se confirme en 2025. Conséquence : les propriétaires de logements dont la superficie est importante doivent quasiment désormais proposer un bien « clef en main ».
Des marges de négociation en baisse
Les négociations permettent souvent aux vendeurs et aux acheteurs de trouver un terrain d’entente. Ces marges de négociation entre les prix de mise en vente et ceux finalement actés se réduisent toutefois « significativement sur un an », indique Laforêt, atteignant en moyenne 4,72% au niveau national, contre 5,90% à fin 2024. Par ailleurs, si la proportion de biens négociés reste élevée, elle recule un peu, en passant de 91% à 86%.
Après deux années compliquées pour l’immobilier, le secteur a donc entamé 2025 avec plus de sérénité. « Les vendeurs ont bien compris que la période est favorable aux acquéreurs et donc, par ricochet, qu’elle leur est favorable. Une majorité de propriétaires se disent qu’il faut se lancer maintenant pour vendre car les acquéreurs sont capables d’acheter et de financer le bien », relève Yann Jéhanno.
D’après lui, l’instabilité politique que traverse la France depuis l’été 2024 n’a paradoxalement aucune conséquence, alors que le facteur psychologique est pourtant important. « Les Français n’en ont rien à faire », constate-t-il. Le contexte géopolitique marqué par la volonté de l’Europe de se réarmer et par le protectionnisme des États-Unis ne semble non plus avoir d’impact.
Une baisse des prix qui s’enraye
Si le marché immobilier s’est redressé, les voyants ne sont pour autant pas tous au vert. Ainsi, « quelques épées de Damoclès planent et menacent l’économie », relève Yann Jéhanno. Ce contexte pourrait amener certains acheteurs ou vendeurs à la prudence. En outre, la baisse des prix semble s’enrayer. Les prix moyens affichent une relative stabilité avec -0,3% au national à 3.293 euros/m2 par rapport à 2024, chiffre Laforêt. Les prix ont même « amorcé une légère hausse depuis janvier 2025, avec une progression de 0,8% au national ». Les taux des crédits immobiliers semblent également repartir à la hausse en ce mois d’avril (nouvelle fenêtre). « Après 14 mois de baisse, les taux enregistrent un léger rebond au mois d’avril (entre +0,01 et +0,06 point) », selon le courtier immobilier Pretto (nouvelle fenêtre).
Par ailleurs, les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), qui correspondent aux taxes prélevées pour le compte des communes, des départements ou de l’État lors de chaque transaction immobilière, aussi appelés « frais de notaire », menacent la reprise. Ils étaient jusque-là plafonnés à 4,50% du prix de vente pour les biens anciens mais les Conseils départementaux peuvent depuis peu relever pendant trois ans ce taux, sans excéder 5%. Selon les calculs du Journal de l’Agence (nouvelle fenêtre), une quarantaine de départements ont déjà ou vont prochainement passer à 5%.
Cette hausse de 0,5 point peut sembler minime, mais, selon Pretto, pour un bien dans l’ancien évalué à 200.000 euros, les DMTO passeront de 14.000 euros à 15.000 euros, soit une hausse de 1.000 euros, et une augmentation de 1.500 euros pour l’achat d’un bien à 300.000 euros. De quoi inciter certains acheteurs à mettre en attente leur projet ?