Le réalisateur américain de « Grand Budapest Hotel » et « Fantastic Mister Fox » est à l’honneur à la Cinémathèque.
Une exposition passionnante qui dévoile quelque 5.000 pièces, entre décors géants et marionnettes microscopiques.
L’occasion aussi d’une grande rétrospective, alors que son prochain film pourrait bientôt être dévoilé sur la Croisette.

C’est l’un des rares cinéastes américains dont on identifie la patte visuelle entre mille. L’univers loufoque, mélancolique et foisonnant de Wes Anderson s’explore et se dévore au fil d’une épatante exposition qui vient d’ouvrir ses portes à la Cinémathèque. Si vous avez manqué le début, ce Texan à la dégaine d’éternel adolescent s’est fait connaître dans nos contrées avec La Famille Tenenbaum, son deuxième long-métrage qui mettait en scène le regretté Gene Hackman (nouvelle fenêtre) en patriarche excentrique dans son dernier grand rôle à l’écran.

Les costumes de « La Famille Tennebaum », le film qui a lancé la carrière de Wes Anderson en France. – AFP

Entre obsession du détail et symétrie des plans, costumes vintage et musique rétro, la quête esthétique de cet auteur singulier s’est vite étendue hors de ses contrées, des explorations sous-marines du vrai-faux Commandant Cousteau joué par Bill Murray dans La Vie Aquatique au pèlerinage d’une fratrie dysfonctionnelle vers les cimes de l’Himalaya dans À bord du Darjeeling Limited en passant par les coulisses sulfureuses du Grand Budapest Hotel. Sans parler de son incursion réussie au royaume de l’animation avec Fantastic Mister Fox et L’Île aux chiens.

La maquette du "Grand Budapest Hotel" est l'une des pièces les plus impressionnantes de l'expo.
La maquette du « Grand Budapest Hotel » est l’une des pièces les plus impressionnantes de l’expo. – AFP

Grâce à sa double casquette de réalisateur et producteur, Wes Anderson s’est constitué au fil des années une incroyable malle aux trésors dont il dévoile près de 500 pièces à Paris. « On a des choses impressionnantes comme la maquette du Grand Budapest Hotel qui est évidemment très imposante », raconte à TF1Info le commissaire d’expo Matthieu Orléans. « Mais on a aussi des petites marionnettes de stop motion microscopiques, des aquarelles, des poinçons fantaisistes… Et l’un des enjeux de l’expo, c’était de pouvoir faire des arrêts sur image sur tout ce qui à l’écran va très très vite, mais qui a demandé des heures entières de travail à des artisans formidables. »

Les marionnettes de « L’Île aux chiens », l’un des deux films d’animation du cinéaste. – AFP

Après Angoulême où il a reconstitué un quartier du Paris des années 1950 pour The French Dispatch et la petite commune espagnole de Chinchon, théâtre du désert rétro-futuriste d’Asteroid City, c’est dans les mythiques studios allemands de Babelsberg, en Allemagne, que le cinéaste âgé de 55 ans a posé son Barnum pour les besoins de The Phoenician Scheme, un thriller d’espionnage qui pourrait être dévoilé en mai prochain lors du 77ᵉ Festival de Cannes. Avec un casting affolant qui réunit Benicio Del Toro, Tom Hanks, Bryan Cranston ou encore Scarlett Johansson.

Avant de découvrir ce nouveau chapitre, la Cinémathèque propose une rétrospective d’une œuvre en perpétuelle mutation. « Wes Anderson, c’est un esprit assez libre et assez avant-gardiste », résume Matthieu Orléan. « D’un côté, il y a des récurrences visuelles qui ont souvent été copiées dans la publicité et sur les réseaux sociaux. Mais quand on approfondit un petit peu, on se rend compte que chaque projet a ses spécificités. Il a en réalité des partis pris narratifs et formels qui ne se ressemblent pas. Et c’est ce mélange des deux qui, à mon avis, fait qu’on le reconnaît, mais qu’il nous surprend à chaque fois. »

>> Wes Anderson à la Cinémathèque française. Exposition du 19 mars au 27 juillet 2025


Jérôme VERMELIN avec David FUHRER

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