Son regard a changé. On croit discerner une fêlure, une tristesse. Il sourit toujours mais n’a plus, quand il raconte des histoires de guerre, le visage illuminé qu’il affichait auparavant. « L’année écoulée fut la plus dure des trois années de conflit », murmure-t-il. Deux blessures, un moment de dépression, des opérations militaires très difficiles, parfois ratées, et surtout « l’enfer » de la perte des frères d’armes, les funérailles, les femmes et les enfants éplorés.
« John », tel qu’il a choisi de s’appeler pour ce témoignage, est un combattant d’élite. Comme les autres soldats rencontrés – sans contrôle de leur commandement ni d’un officier de presse –, il s’est déjà régulièrement confié au Monde, au fil de la guerre, en toute franchise. La dernière fois, c’était sous un autre nom. Il lui est désormais interdit de mentionner son identité, ni même son nom de guerre. Depuis la dernière rencontre, il a intégré un des services secrets d’Ukraine.
Son changement d’affectation n’a pas fondamentalement changé la vie de John : il combat toujours dans une unité d’assaut, souvent en première ligne. La différence est qu’intégré à une prestigieuse unité des services secrets, il est désormais basé à Kiev et est susceptible d’être envoyé partout dans le pays pour les missions les plus périlleuses, ainsi qu’en Russie.
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