Le Nouveau Front populaire a créé la surprise dimanche, en arrivant en tête des élections législatives.
Un résultat qui contraste avec les prédisions des instituts de sondage au lendemain du premier tour.
Les études publiées durant l’entre-deux-tours révélaient toutefois bien la tendance confirmée dimanche.

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Élections législatives 2024

Si l’image de la nouvelle Assemblée nationale a fait l’effet d’un électrochoc, c’est aussi parce que les sondages n’avaient pas vu venir les résultats. Jusqu’au vendredi 5 juillet, aucun des instituts d’études n’avait prédit la composition de l’hémicycle. Le dernier en date, publié sur TF1info, plaçait encore le Rassemblement national comme le favori du scrutin avec 170 à 210 sièges. De quoi pousser certains observateurs à accuser les instituts d’avoir « trafiqué les sondages ». Il y a en réalité une explication bien plus mécanique, loin de toute conspiration.

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Un effet des désistements

Les voix les plus critiques mettent côte à côte les projections en sièges réalisées le soir du premier tour et les résultats du dimanche 7 juillet. C’est vrai que l’écart y est particulièrement spectaculaire. Avec près de 33,15% des voix récoltées, le Rassemblement national était présenté comme le prochain parti au pouvoir, l’ensemble des instituts lui donnant la victoire. Certains voyaient même la possibilité pour le Rassemblement national et ses alliés des Républicains d’obtenir une majorité absolue, soit 289 sièges. Les Français ne leur en ont finalement accordé que 142.

Faut-il y voir une quelconque erreur des sondeurs ? Ce serait oublier l’intensité du moment politique que vient de traverser la France. Avec une campagne éclair, la semaine de l’entre-deux-tours a été particulièrement cruciale pour la constitution d’un front républicain. Pour Frédéric Dabi, sollicité par TF1info, la défaite du parti à la flamme tricolore est ainsi d’abord « mécanique ». « Au soir du premier tour, la configuration était idéale pour le Rassemblement national, avec plus de 300 triangulaires », rappelle celui qui est à la tête de l’Ifop, institut de sondage qui n’a par ailleurs jamais pronostiqué de majorité absolue pour l’extrême droite. 

Mais avec 224 désistements de candidats qualifiés, la physionomie du second tour a complètement changé au cours de la campagne, provoquant un basculement des électeurs d’un bloc vers l’autre. Un effet confirmé par l’analyse des reports de voix. Les électeurs du Nouveau Front populaire ont très largement glissé un bulletin pour un candidat Ensemble (72%) lorsqu’il faisait face à un candidat RN, tandis qu’un peu plus de la moitié (43%) des électeurs de l’ancienne majorité ont participé au front républicain.

La dynamique d’un front républicain a été efficace

Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop

C’est donc d’abord la dynamique du front républicain qui a été sous-estimée. Pour autant, elle n’a pas été négligée. « Il est faux de dire que nous n’avons rien vu venir », se défend Frédéric Dabi. Et effectivement, dans le dernier sondage de l’institut que nous avions publié vendredi, la tendance s’esquissait déjà. La montée du groupe Ensemble et la possibilité de voir le Nouveau Front populaire en tête étaient visibles, tout comme le recul des candidats derrière Jordan Bardella. 

Ainsi, dans cet ultime sondage pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, l’Ifop-Fiducial estimait que le RN était en train de dégringoler, et ne pouvait obtenir qu’entre 170 et 210 sièges. Les candidats du camp présidentiel continuaient quant à eux sur une bonne dynamique, avec entre 120 et 150 sièges. Quant au Nouveau Front populaire, la projection de l’institut leur accordait entre 120 et 150 sièges. « Nous étions hors fourchette, mais nous avions vu que la gauche s’en tirait mieux et que le Rassemblement national entrait dans une zone d’incertitude », souligne Frédéric Dabi.

Surtout, cette image d’une Assemblée nationale divisée entre trois blocs séparés par une vingtaine de sièges apparaissait déjà dans les sondages. « On avait simplement une incertitude sur l’ordre d’arrivée », reconnait le directeur général de l’Ifop.

Si les instituts de sondage étaient « hors de la fourchette », certains ont donc bien vu venir l’impact du front républicain sur les résultats du second tour. Preuve que cette dynamique a fonctionné. Simplement, elle a été plus efficace que prévu. « La tendance était là, nous n’avions juste pas le point final », conclut le spécialiste en comportements électoraux.


Felicia SIDERIS

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