• Les hospitalisations pour tentatives de suicide ou automutilations ont bondi de 22% entre 2023 et 2024 chez les jeunes filles âgées de 10 à 14 ans, a annoncé ce mercredi le service statistique des ministères sociaux (Drees).
  • Le nombre de patientes âgées de 25 à 29 ans a quant à lui augmenté de 9%.
  • Selon la Drees, la dégradation de la santé mentale d’adolescentes et de jeunes femmes pourrait notamment être liée aux « agressions spécifiques à cette population » perpétrées sur les réseaux sociaux.

Des chiffres alarmants. Alors que la santé mentale (nouvelle fenêtre) a été désignée grande cause nationale en 2025, les hospitalisations d’adolescentes et de femmes jeunes pour tentatives de suicide (nouvelle fenêtre) ou automutilations ont augmenté massivement l’an dernier en France, notamment chez les 10-14 ans, selon les données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) (nouvelle fenêtre) publiées ce mercredi 18 juin.

Les hospitalisations en hausse de 14% chez les 15-19 ans

Près de 82.000 personnes âgées de 10 ans ou plus ont été hospitalisées au moins une fois pour un geste auto-infligé l’an dernier, soit une hausse de 6% comparé à 2023, et près des deux tiers d’entre elles (64%) étaient des femmes, précise le service statistique des ministères sociaux. Cela recouvre le nombre de tentatives de suicide et d’automutilation non suicidaires (scarifications, brûlures, coups contre un mur…), mais n’inclut pas les passages aux urgences sans hospitalisation, ni les hospitalisations en psychiatrie, en soins de suite ou à domicile.

La France connaît des hausses d’hospitalisations d’adolescentes et de femmes jeunes pour tentatives de suicide ou automutilations « massives », constate la Drees. Chez « les très jeunes filles âgées de 10 à 14 ans », elles ont bondi de 22% entre 2023 et 2024, chez les 15-19 ans de 14%. Le nombre de patientes plus âgées a aussi progressé : de 4% pour les 20-24 ans et de 9% pour les 25-29 ans, « deux classes d’âge avec le plus de personnes hospitalisées »

Une « brutale dégradation de la santé mentale »

Après avoir très fortement progressé entre 2020 et 2021, le nombre d’hospitalisations de patientes de moins de 20 ans a reflué en 2022 et 2023, avant de repartir à la hausse en 2024. A contrario, le nombre d’hospitalisations de femmes de 40 à 60 ans a baissé régulièrement depuis 2012. Chez les hommes, majoritaires parmi les décès par suicides, les hospitalisations pour tentatives de suicides ont augmenté de 17% chez les 15-19 ans, de 8% chez les 20-24 ans et de 7% chez les 25-29 ans comparé à 2023, et de 9% chez les 40-44 ans.

« La brutale dégradation de la santé mentale d’une importante minorité d’adolescentes et de femmes de moins de 30 ans est un phénomène international apparu dans les années 2010, que la crise sanitaire de 2020 paraît avoir accentué », rapporte la Drees. « Bien qu’il soit difficile de déterminer les causes de cette détérioration, une hypothèse semble se démarquer, pointant le mésusage des réseaux sociaux et les agressions spécifiques à cette population qui peuvent y avoir lieu », note-t-elle. 

Selon l’Observatoire national du suicide, dont le sixième rapport a été publié en février dernier par la Drees (nouvelle fenêtre), le nombre d’hospitalisations pour gestes auto-infligés, qui comptabilisent les tentatives de suicide et les automutilations non suicidaires comme les scarifications, a progressé de 46% chez les jeunes femmes de 15 à 19 ans entre 2017 et 2023, soit plus de quatre fois le taux observé chez les hommes.

Le ministre chargé de la Santé Yannick Neuder a annoncé le 11 juin un plan d’une trentaine de mesures pour tenter de mieux repérer et soigner les troubles psychiques, mais aussi de rendre plus attractive la psychiatrie. Un plan qui n’a toutefois pas convaincu les professionnels de santé.

N.K avec AFP

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