Des cris de joie mais chacun chez soi. Jusqu’à 20 heures, dimanche 7 juillet, personne à gauche ne plaçait ce Nouveau Front populaire (NFP), bâti à la hâte après la dissolution décidée par Emmanuel Macron, en tête du second tour des élections législatives. Alors quand tombent les premières estimations sur les écrans de télévision disposés pour l’occasion à la Bellevilloise, dans le 20e arrondissement de Paris, où se tient la soirée électorale du Parti socialiste (PS), l’heure est aux effusions. « C’est la fin de Jupiter et de la macronie », se félicite le député européen Christophe Clergeau.

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Au même moment, à La Rotonde Stalingrad, dans le 19e arrondissement, chez les « insoumis », Jean-Luc Mélenchon est le premier à prendre la parole à gauche. Il salue un « magnifique élan de mobilisation ». « Notre peuple a clairement écarté la solution du pire », se félicite-t-il. Devant le bassin de la Villette, le fondateur de La France insoumise (LFI) marche presque sur l’eau, et tient la dragée haute au gouvernement sortant : devant cette première place, dit-il, « le président de la République doit s’incliner, le premier ministre doit s’en aller ». Et la gauche, gouverner. Signe que la réconciliation n’est pas scellée au sein de l’alliance, chaque parti a fêté séparément les résultats dimanche soir, et aucune prise de parole commune n’avait été programmée, contrairement au premier tour.

En réalité, si ce résultat est inespéré, la marche reste haute pour matérialiser un gouvernement du Nouveau Front populaire : l’alliance obtient 182 sièges de députés, contre 168 pour Ensemble et 143 pour le RN (dont les LR-RN). Elle reste loin de la majorité absolue, 289 députés sur 577. Comment le NFP pourrait-il gouverner alors qu’il disposera d’une majorité relative, encore plus faible que la coalition macroniste qui comptait 250 députés ? Après les manifestations de joie, particulièrement audibles dans les grandes villes, de Marseille à Paris, tant le soulagement était grand de ne pas voir le RN accéder au pouvoir, vient le temps des calculs. Pour le moment, Emmanuel Macron n’a pas annoncé vouloir nommer un premier ministre qui serait issu des rangs du NFP. Et certaines des composantes de la coalition présidentielle, Edouard Philippe le premier, continuent de tenter de la scinder, en distinguant entre les « fréquentables » – Les Ecologistes, le PS – et ceux avec qui toute coalition reste impossible, LFI.

Mélenchon refuse les « combinaisons »

Dimanche soir, ces tentatives de division rencontraient un Nouveau Front populaire plutôt uni, quoique pas tout à fait unanime. Les chefs des partis de gauche s’étaient au moins accordés sur un principe : pas question de nouer d’alliance avec le camp présidentiel. « Aucun subterfuge, aucun arrangement ne serait acceptable », a poursuivi le fondateur de LFI, qui a dit vouloir « refuser les combinaisons ». Un même mot d’ordre répété à La Bellevilloise par le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. « Nous ne nous prêterons pas à une coalition des contraires qui trahirait le vote des Français », a-t-il martelé devant les militants, assurant n’avoir « qu’une seule boussole », celle du « programme du Nouveau Front populaire ». A quelques kilomètres de distance et à quelques minutes d’écart, l’« insoumis » et le socialiste ont annoncé parmi les premières mesures à prendre l’abrogation de la réforme des retraites, possible, selon eux, par un simple décret.

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