
La rédaction du quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France a voté, jeudi 25 septembre, une grève jusqu’à vendredi 23 h 59 pour « exprimer [son] opposition » à un éventuel projet de vente du Parisien au groupe Bolloré et « exiger » 17 embauches en CDI, ont annoncé les syndicats à l’Agence France-Presse (AFP).
La grève a été votée par 187 salariés, soit 72,5 % des 258 participants à l’assemblée générale convoquée. « Les délégués syndicaux restent dans l’attente d’un rendez-vous avec la présidence du groupe Les Echos-Le Parisien, et la direction générale du Parisien » pour obtenir des réponses, selon un communiqué. « Impossible à dire aujourd’hui » si les éditions de vendredi et samedi paraîtront, a déclaré à l’Agence France-Presse Aymeric Renou, délégué syndical SNJ.
Après des rumeurs récurrentes ces derniers mois, l’hypothèse d’une vente du quotidien à Vincent Bolloré a pris corps début septembre avec un article du magazine Challenges. Cette perspective a aussitôt suscité craintes et oppositions au sein de la rédaction.
Risque d’appauvrir la pluralité de l’information
« Vendre cet héritage éditorial au groupe Bolloré reviendrait à livrer à une idéologie militante d’extrême droite un des grands quotidiens du pays, à appauvrir la pluralité de l’information en France », s’étaient émus journalistes et syndicats dans une lettre ouverte à leur propriétaire Bernard Arnault, PDG de LVMH. Le numéro un mondial du luxe n’a ni confirmé ni infirmé l’hypothèse d’une vente.
M. Bolloré a dans son giron le groupe Canal+, qui comprend CNews (anciennement i-Télé). Il est aussi présent dans la presse écrite et radio via le numéro un du secteur des magazines, Prisma Media (Voici, Capital, Femme actuelle…) et via Lagardère (Europe 1, Journal du dimanche…).
Interrogé le 23 septembre par les représentants du personnel, le PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, Pierre Louette, avait déclaré : « Il n’y a pas de processus de vente du Parisien en cours… à ma connaissance », selon des propos rapportés par le SNJ.
Sur l’autre volet des inquiétudes, les syndicats reprochent à la direction de remplacer par des contrats temporaires (CDD, contrats à la pige) certains départs prévus dans le cadre du plan de réorganisation en cours. « Il y a des trous partout, on ne peut pas travailler dans ces conditions. On craint pour la santé de nos journalistes notamment dans les éditions départementales », a déploré M. Renou.
Le plan de réorganisation prévoit la suppression de près de 40 postes. Son annonce avait entraîné en mars une grève de 24 heures et une motion de défiance contre la direction.