Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire et requis, mercredi 3 juillet, la mise en examen et le placement sous contrôle judiciaire de Benoît Jacquot, accusé de violences sexuelles par plusieurs femmes. Le réalisateur des Adieux à la reine (2012) et de Villa Amalia (2009), 77 ans, avait été placé en garde à vue lundi à la brigade de protection des mineurs (BPM) de la police judiciaire de Paris. Son avocate, Me Julia Minkowski, n’a pas souhaité faire de commentaires.

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Ce sont des plaintes des comédiennes Julia Roy et Isild Le Besco qui motivent cette préconisation. D’après le parquet de Paris, des faits de « viol, agression sexuelle et violences » sont susceptibles d’avoir été commis entre 2013 et 2018 au préjudice de la première, et des faits de « viol sur mineur par personne ayant autorité et viol par concubin », entre 1998 et 2000, et 2007, au préjudice de la seconde.

Benoît Jacquot était également visé par une plainte pour « viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans » commis par personne ayant autorité, déposée le 6 février par Judith Godrèche. Mais les faits sont couverts par la prescription.

Version contestée

Judith Godrèche a eu une relation intime avec ce représentant majeur du cinéma d’auteur français entre 1986 et 1992, qu’elle avait rencontré sur le tournage des Mendiants, à l’âge de 14 ans. Comme elle l’avait expliqué au Monde après avoir engagé cette action, il s’agit pour Judith Godrèche de l’histoire d’une « enfant kidnappée ». Elle dénonce des violences sexuelles, psychologiques et physiques.

Cette version est contestée par Benoît Jacquot, qui évoque une histoire d’amour partagé et récuse ces accusations. « J’étais happé par elle, s’était défendu le réalisateur auprès du Monde. C’est moi, sans ironie, qui ai été sous son emprise pendant six ans. Je crois que, si elle n’était pas partie, je serais encore avec elle aujourd’hui. » Il assure, contrairement à Judith Godrèche, ne pas avoir eu de relations sexuelles avec elle avant que l’adolescente ait passé ses 15 ans.

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Convoqué le même jour par la BPM, mais dans le cadre d’une procédure distincte, le cinéaste Jacques Doillon, 80 ans, a quant à lui obtenu mardi que sa garde à vue soit levée « pour des raisons médicales », selon le parquet de Paris, qui indique s’être « fait transmettre la procédure dès ce jour pour apprécier le périmètre et les modalités des suites à y donner ».

Une mise en examen dans les jours ou semaines à venir n’est donc pas à exclure, car il n’était pas « en état d’être présenté aujourd’hui. Le dossier n’est pas classé et les poursuites ne sont pas abandonnées », précise une source judiciaire. Contactée, l’avocate de Jacques Doillon, Me Marie Dosé, n’a pas fait de commentaire.

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