Devant l’usine Stellantis de Mirafiori, à Turin (Italie), le 15 octobre 2024.

Le nouveau patron du quatrième constructeur automobile mondial, l’Italien Antonio Filosa, a remis en cause l’interdiction des ventes de véhicules thermiques en 2035 dans l’Union européenne. Selon lui, il s’agit d’un objectif « pas réaliste » sans l’introduction de « flexibilités » pour les constructeurs affectés par la crise. Les marques BMW et Mercedes-Benz avaient, elles aussi, récemment critiqué les mesures prévues pour 2035.

« Les objectifs de baisse de 55 % des émissions [de gaz à effet de serre] d’ici 2030 et d’interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035 [dans l’Union européenne] ne sont pas réalistes tels que définis », a déclaré dans une interview aux Echos samedi 6 septembre le nouveau directeur général de Stellantis. « Il faut introduire des flexibilités qui contribueront à la fois à la décarbonation et au maintien de l’activité industrielle », a ajouté le successeur de Carlos Tavares à la tête du quatrième constructeur automobile mondial, qui compte notamment dans son giron les marques Jeep, Peugeot et Fiat.

L’interdiction à partir de 2035 de la vente de voitures neuves à essence ou diesel, hybrides comprises, dans l’UE, emblème des ambitieuses mesures du Pacte vert européen (Green Deal), a été actée par la Commission européenne en mars 2023, malgré les réticences allemandes. Une clause « de revoyure » a été fixée pour 2026 afin de faire un premier état des lieux et éventuellement d’apporter des ajustements au texte.

Cet objectif est contesté depuis plusieurs mois par une partie des constructeurs, confrontés à des ventes de modèles électriques qui patinent, à la concurrence chinoise, aux droits de douane américains et à la chute des bénéfices mondiaux. Des « assouplissements » peuvent être étudiés mais à condition qu’ils ne remettent « pas en cause » la sortie des énergies fossiles, avait précisé en juin le ministère de l’industrie français.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Aux abois, les fabricants européens de batteries de voitures électriques demandent encore plus de subventions

Un « dialogue stratégique » avec les constructeurs

Le constructeur allemand de voitures BMW a proposé, vendredi, de reporter à 2050 l’interdiction. La semaine précédente, Ola Källenius, patron de Mercedes-Benz et président de l’association des constructeurs européens (ACEA), avait qualifié l’objectif de 2035 d’« inatteignable ».

Sous la pression de l’industrie, la Commission européenne a déjà assoupli en mars les objectifs de réduction d’émissions de CO2 à moyen terme et sa présidente, Ursula von der Leyen, doit ouvrir la semaine prochaine un « dialogue stratégique » avec les constructeurs automobiles, peu après le début du salon de l’automobile de Munich (IAA), rendez-vous incontournable pour le secteur.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les voitures électriques polluent beaucoup moins que les véhicules thermiques, confirment deux études

« Il faut maintenant passer du dialogue stratégique à l’action stratégique. Et vite. Il ne faut pas sous-estimer le déclin rapide de l’industrie automobile européenne », a ajouté Antonio Filosa. Interrogé sur la remise en question de l’échéance 2035, il a réaffirmé le besoin de « leviers de flexibilité » pour « enrayer le cercle vicieux qui entraîne la baisse des ventes et retarde le renouvellement d’un parc automobile vieillissant ».

Il propose des mesures de « verdissement du parc type prime à la casse ou à la reconversion pour des véhicules plus récents », des « supercrédits CO2 » pour les ventes de petites voitures électriques ou encore une meilleure valorisation des véhicules hybrides. Ces mesures visent à « redynamiser le marché » pour « réduire les coûts de production » et « rendre les voitures plus abordables ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La voiture électrique, une « charge mentale » pour les automobilistes sur la route des vacances

L’électrification des utilitaires

Comme l’avait fait début juillet Jean-Philippe Imparato, qui dirige la branche européenne de Stellantis, Antonio Filosa a réaffirmé que « les décisions les plus urgentes à prendre à Bruxelles concernent la trajectoire de décarbonation des véhicules utilitaires légers », un marché « en souffrance » car la demande des professionnels n’est pas au rendez-vous face aux coûts élevés. Cela « met en danger » des dizaines de milliers d’emplois et il faut « étendre de trois à cinq ans les objectifs de réduction des émissions de CO2 » pour ce segment, estime-t-il.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Antonio Filosa, nouveau patron d’un Stellantis en difficulté, impose son style

S’il rappelle que cet axe est stratégique notamment pour la France, « car l’une de nos plus grandes usines d’utilitaires est dans le Nord, à Hordain », il affirme, interrogé sur de potentielles fermetures d’usines, qu’il est « impossible de se prononcer à ce stade : nous devons d’abord voir comment évolueront les échanges sur la réglementation européenne ».

Le Monde Guides d’achat

Gourdes réutilisables

Les meilleures gourdes pour remplacer les bouteilles jetables

Lire

Newsletter

« A la une »

Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »

S’inscrire

Newsletter

« La revue du Monde »

Chaque week-end, la rédaction sélectionne les articles de la semaine qu’il ne fallait pas manquer

S’inscrire

Le Monde Jeux

Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés.

Jouer

Newsletter abonnés

« La lettre éco »

Le regard du « Monde » sur l’actualité économique du jour

S’inscrire

Newsletter abonnés

« La lettre des idées »

Votre rendez-vous avec la vie intellectuelle

S’inscrire

Newsletter abonnés

« La lettre éco »

Le regard du « Monde » sur l’actualité économique du jour

S’inscrire

Dans un marché automobile mondial qui « se régionalise » sous la « double pression des droits de douane et des réglementations », poursuit Antonio Filosa, « l’Europe a choisi la voie de l’électrification complète, orientation que nous soutenons et sur laquelle nous avons fortement investi, mais dont nous questionnons aujourd’hui le rythme et la rigidité vu les réalités du marché ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Chine, le secteur de l’automobile électrique face au défi des surcapacités

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version