La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, le 9 juin, au soir des élections européennes, compte peut-être parmi les plus incomprises et les plus impopulaires de la Ve République : 67 % des sondés, dans l’enquête électorale d’Ipsos pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès, le centre de recherches politiques de Sciences Po et l’Institut Montaigne, réalisée du 26 juillet au 1er août auprès d’un échantillon représentatif de 11 204 personnes, selon la méthode des quotas, considèrent qu’elle a des conséquences négatives pour la France.

Dans une rare unanimité du panel, les sympathisants de tous les partis et ceux n’ayant aucune préférence partisane sont majoritairement, voire très majoritairement, sur cette ligne. A noter que 58 % des personnes sondées qui se réclament proches de la coalition présidentielle sont de cet avis.

Dans un contexte de défiance généralisé envers le personnel politique (aucune personnalité n’obtient plus d’opinion favorable que d’opinion défavorable), la situation d’Emmanuel Macron est particulièrement mauvaise. Il est la deuxième personnalité politique (derrière Jean-Luc Mélenchon, très loin devant) au sujet de laquelle les sondés jugent le plus défavorablement l’action dans la période récente : 69 % la désapprouvent. Plus significatif encore : 51 % des sondés sont favorables à la démission du président de la République, dont 29 % très favorables.

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Avant d’en arriver là, une très large majorité du panel s’entend pour donner une place beaucoup moins importante à Emmanuel Macron dans la situation politique nouvelle qu’il a lui-même créée avec la dissolution de l’Assemblée nationale : 73 % estiment que le chef de l’Etat devrait s’en tenir à un rôle d’arbitre neutre qui facilitera les négociations entre les partis. Plus surprenant : même les sympathisants de la coalition présidentielle sont 63 % à réclamer qu’Emmanuel Macron se contente de ce rôle d’arbitre neutre. Alors que l’enquête a été réalisée pendant la première semaine des Jeux olympiques et de la « trêve » appelée de ses vœux par l’hôte de l’Elysée, la situation n’a pu que se détériorer depuis.

« Vertigineux ! »

Face à un chef de l’Etat qui semble en partie démonétisé, le reste du personnel politique ne tire aucun profit. « La perception des responsables politiques est épouvantable, 85 % des jugements sont négatifs », note Brice Teinturier, le directeur général délégué d’Ipsos. L’Assemblée nationale ne s’en sort pas mieux. L’institution aurait pu passer pour une valeur refuge, il n’en est rien : 73 % des sondés ne font pas confiance à l’Hémicycle issu des élections anticipées des 30 juin et 7 juillet.

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