• L’influenceur « Amine Mojito » a été incarcéré vendredi après la diffusion sur ses réseaux sociaux d’une vidéo dans laquelle il se mettait en scène piquant des passants à l’aide de seringues.
  • Il sera jugé le 5 septembre prochain, « pour des violences avec arme n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail ».
  • Dans le passé, l’homme de 27 ans a déjà été condamné, pour violence aggravée et agression sexuelle.

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Piqûres mystérieuses en soirées festives, l’inquiétude monte

Son retour sur les réseaux sociaux aura été de très courte durée. Après avoir disparu des radars pendant près de huit ans, l’influenceur qui se fait appeler « Amine Mojito » sera jugé le 5 septembre par le tribunal correctionnel de Paris. Placé en détention provisoire d’ici là, selon une annonce du parquet ce vendredi 27 juin, il est soupçonné d’avoir piqué des passants avec une seringue (nouvelle fenêtre)et d’avoir diffusé des vidéos de ces agissements sur les réseaux sociaux. Portrait de l’ancien « roi » de Snapchat qui multiplie les ennuis avec la justice.

Une vidéo à l’origine de l’enquête

Au cœur de son retour sur le devant de la scène médiatique, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 20 juin. Dans celle-ci, un homme grimé en inspecteur Gadget un peu louche s’en prend à des personnes installées sur des bancs ou la pelouse de parcs. Chapeau vissé sur la tête, gant en latex noir, il arrive par surprise et met en scène une piqûre sauvage à l’aide d’une seringue. Une séquence publiée quelques jours avant la Fête de la musique, événement au cours duquel 145 signalements de piqûres sauvages ont été faits (nouvelle fenêtre)

Une enquête avait alors été ouverte par la Sûreté territoriale de Paris et l’homme devait être jugé vendredi après-midi en comparution immédiate « pour des violences avec arme n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail », a précisé le parquet de Paris. Interpellé la veille, le suspect avait mis « quinze minutes à ouvrir aux enquêteurs », d’après le ministère public, qui ajoute que son téléphone « ne comportait aucune de ces vidéos ». 

Lors de sa garde à vue, « il s’est toutefois reconnu sur la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux ». Aucune victime des agissements de l’influenceur n’a pu être identifiée ni entendue, selon le parquet. Dans une autre vidéo, datée du 23 juin et postérieure à l’événement musical, « Mojito » se défend de toute agression. Il explique qu’il s’agissait d’un « prank » (« blague » en anglais). « L’aiguille ne rentre aucunement en contact avec aucune personne », lançait-il face caméra, affublé de son chapeau, « il y a un capuchon en plastique qui sécurise (…) et dans la seringue il n’y a rien du tout »

D’après lui, sa mise en scène n’a par ailleurs rien à voir avec la Fête de la musique et les appels à piquer diffusés sur les réseaux sociaux en amont. « Ils ont essayé de me faire endosser la responsabilité (…) mais moi, c’est du divertissement pour rigoler », poursuit-il auprès de ses 135.000 abonnés. « Les personnes qui font piquer des gens, ça existe depuis la nuit de temps, je suis l’initiateur de rien du tout. » Une argumentation qu’il conclut en admettant l’aspect « négatif » de sa vidéo. Et de reconnaitre : « Parfois, je fais des choses, je ne réfléchis pas. »

Pourtant, à 27 ans, ce Franco-algérien n’en est pas à son premier coup d’essai. Ilan M., de son vrai nom, a déjà fait parler de lui en 2016, lorsqu’il était suivi par des centaines de milliers de personnes sur Snapchat. Une communauté qu’il avait constituée en humiliant des femmes dénudées. D’après les médias qui s’en faisaient l’écho (nouvelle fenêtre), le jeune homme se filmait en train de cracher, insulter et fouetter des femmes avec différents objets, dont une ceinture. Face caméra, les victimes présentaient ensuite leurs hématomes, servant de glorification de ces violences. Une plainte avait alors été déposée par des associations féministes pour provocation à la discrimination, à la violence et à la haine à l’égard des femmes. 

Mais lui assumait. Invité sur une chaine YouTube (nouvelle fenêtre), il se vantait d’avoir « fait le buzz en fouettant des femmes ». « La femme est soumise de base. Moi, j’oblige personne. Si les meufs ne se respectent pas, ce n’est pas mon souci » lançait-il. « C’est humiliant pour la femme, mais vous n’avez qu’à mieux éduquer vos filles. » 

Trois condamnations dans le passé

Des comportements qui lui avaient valu plusieurs condamnations en 2022 pour provocation à la discrimination, à la violence et à la haine à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur sexe. Il avait dû aussi effectuer un stage de cinq jours de sensibilisation sur l’égalité homme-femme. Il a par ailleurs un casier judiciaire bien rempli, avec deux autres condamnations, dont violence aggravée et agression sexuelle, comme l’a rappelé le procureur lors de la comparution immédiate (nouvelle fenêtre)

Désormais, le jeune homme affirme qu’il est à la tête d’une société de production musicale, mais officiellement, il est sans emploi et touche le RSA. La star déchue de Snapchat avait donc décidé de faire son retour en ligne en novembre dernier. Depuis, il essayait de se racheter, hurlant en mars dernier (nouvelle fenêtre)qu’il « aime les femmes ». « Je n’ai jamais fait ça dans le but d’humilier », plaidait-il en se remémorant son passé judiciaire, expliquant encore une fois que « c’était juste pour rigoler »

Mâchoire carrée, cheveux longs et corps bodybuildé, il assurait qu’en « grandissant », il avait pris conscience que c’était « un manque de respect ». « J’étais immature, j’étais un gamin ». Un argument difficile à entendre, huit ans plus tard. 

Felicia SIDERIS

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