Il y a exactement une année, nous avions ici même fait part de notre émotion devant les déclarations de la ministre de la culture, Mme Rachida Dati, qui avait affirmé qu’« il ne faut pas faire des fouilles pour se faire plaisir » et qu’elle préférait « mettre de l’argent dans la restauration du patrimoine plutôt que de creuser un trou pour creuser un trou ». Et de préciser sur X qu’elle souhaitait que des dérogations soient possibles pour les prescriptions archéologiques.

Rappelons en effet que chaque année environ 50 000 hectares (ou 500 kilomètres carrés) sont « artificialisés » pour des constructions et aménagements divers, soit la surface d’un département français tous les huit ans. Les archéologues du ministère de la culture en région ne prescrivent au préalable, et faute de moyens, des sondages (ou diagnostics) préliminaires que dans un quart environ des aménagements, soit environ 2 000 opérations menées ou par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ou par des services archéologiques de collectivités territoriales. Et, dans un quart seulement de ce quart, des fouilles archéologiques proprement dites sont effectuées, ce qui équivaut à environ 450 par an.

Le coût moyen en est pour l’aménageur de 1 % à 3 % du budget total de l’aménagement. Tel est le prix à payer pour la préservation de notre patrimoine archéologique, au terme d’une loi qui n’a été votée qu’en 2001, en retard par rapport à la plupart des pays européens et après les destructions massives tout au long des – mal nommées pour l’archéologie – « trente glorieuses ».

Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés « L’archéologie, ce n’est pas “creuser un trou pour un trou” »

Nous avions eu tort de penser, après le vote de la loi de 2001 précitée, que notre patrimoine était désormais hors de danger. Les déclarations de la ministre d’avril 2024 ne sont pas venues seules. Peu de temps auparavant, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti avait obtenu du préfet qu’il annule un arrêté de prescription de diagnostic portant sur les futurs terrassements massifs consécutifs à la catastrophe naturelle qui avait ravagé la vallée de la Vésubie, qualifiant, sur X, le 22 janvier, cet arrêté de « grotesque et ridicule (…), rédigé par des technocrates déconnectés des réalités ».

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