Le Paris Saint-Germain a remporté, samedi, la finale de la Ligue des champions, étrillant l’Inter Milan (5-0).
Le club de la capitale soulève la coupe aux grandes oreilles pour la première fois de son histoire.
Un succès qui porte le sceau de Luis Enrique, auteur d’une mini-révolution depuis son arrivée sur le banc parisien.

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Le PSG remporte sa première Ligue des champions

Comme une impression de déjà vu pour Luis Enrique. Dix ans après avoir mené le FC Barcelone sur le toit de l’Europe pour son dernier titre continental en date, le technicien espagnol récidive, cette fois sur le banc du PSG. Quelque part, l’exploit est même encore plus grand puisqu’il s’agit du tout premier sacre dans la compétition du club de la capitale, vainqueur en finale de l’Inter Milan (5-0) ce samedi 31 mai à Munich (Allemagne). Et ce succès porte l’empreinte du travail de « Lucho », qui est parvenu, en l’espace de quelques mois, à remodeler une formation qui a longtemps collectionné les déboires dans les très grands matchs. Retour sur cette patiente métamorphose couronnée de succès. 

Un nouveau projet sans paillette ni superstar

S’il a su guider le « Barça » de la fameuse MSN (Messi, Neymar, Suarez) vers les sommets, Luis Enrique vogue, cette fois, vers le succès en adoptant une approche bien différente. L’entraîneur espagnol et la direction du PSG ont transformé le départ subi du meilleur buteur de l’histoire du club, Kylian Mbappé, en opportunité pour réorienter un projet alors en bout de course. Exit les Messi, Neymar et autres Mbappé, noms clinquants et superstars, place à des joueurs plus méconnus aux yeux du grand public, pas forcément aussi côtés. Même si cela peut ressembler à un poncif éculé, dire que la star se trouve dans le collectif a rarement semblé aussi approprié. Et la partition parfaite proposée en finale de Ligue des champions en est le meilleur symbole. 

Cerise sur le gâteau, ce virage coïncide avec un très fort rajeunissement de l’effectif, traduisant une volonté de se projeter sur plusieurs années. Le capitaine Marquinhos (31 ans) est ainsi le seul trentenaire de l’effectif, tandis que la majorité des cadres de l’équipe (Doué, Barcola, Kvaratskhelia, Vitinha, Neves, Nunes, Pacho) sont âgés de 25 ans, ou moins. 

Des principes de jeu clairs

Aussi, les préceptes de jeu entraperçus la saison passée sont amplifiés et bien mieux exécutés. Le principe est relativement élémentaire, mais plus compliqué à mettre en œuvre : le jeu est basé sur la possession, accompagné d’un pressing étouffant. La clé de cette machine parfaitement huilée se trouve au milieu de terrain, et auprès du trio Ruiz-Vitinha-Neves, aussi impressionnant dans son volume de courses avec et sans ballon que dominateur sur le plan technique. Autre point important, tous les joueurs travaillent de concert et sont concernés par les efforts défensifs, encore inimaginable quelques mois plus tôt. « Le coach nous a rabâché : ‘si tu ne presses pas, ne défends pas, quelqu’un va prendre ta place’, donc on défend tous », déclare en avril dernier l’intenable Ousmane Dembélé, lui aussi métamorphosé. 

Vitinha, la force tranquille du PSG. – FRANCK FIFE / AFP

Dembélé en nouvel artificier en chef

Se redécouvrant dans un rôle de faux numéro neuf qui lui sied à merveille, Ousmane Dembélé, justement, s’affirme aussi comme un grand artisan de la deuxième partie de saison en boulet de canon du club de la capitale. Un temps abondamment critiqué, y compris par son coach, l’international français parvient à trouver le déclic à l’aube de l’année 2025 avec ce nouveau positionnement. Celui dont la maladresse devant le but a souvent collé à la peau se fend alors de deux triplés retentissants en l’espace de quelques jours, le 29 janvier contre Stuttgart (4-1) puis le 1er février contre Brest (3-0). 

Deux coups d’éclat qui lancent véritablement une saison hors normes (33 buts et 12 passes décisives toutes compétitions confondues), laquelle pourrait potentiellement être couronnée d’un ballon d’or. Impliqué sur 14 buts en C1 cette saison (8 buts, 6 passes décisives), il devient au passage le joueur d’un club français le plus décisif sur un même exercice dans la compétition. Mais pour le dribleur tricolore, l’essentiel est ailleurs, lui qui estime « bien plus important » la réussite actuelle sur le plan collectif. 

Un management qui paye

Autre paramètre important, le management. Là où les entraîneurs du PSG ont régulièrement été critiqués pour leur gestion à deux vitesses du vestiaire, Luis Enrique a rapidement donné une tendance différente. Respect des règles, rigueur de tous les instants, aucun traitement de faveur et un collectif placé au-dessus de toutes les individualités, sont désormais les maîtres mots. Il n’hésite pas non plus à se montrer encore plus exigeant avec les stars. La gestion de Kylian Mbappé lors de la deuxième partie de saison 2023-24 – lorsqu’il avait refusé de prolonger son contrat – et la mise à l’écart d’Ousmane Dembélé pour le match contre Arsenal en octobre dernier – après un retard -, sont autant de signaux de cette nouvelle philosophie. 

En complément, pour favoriser la concurrence et éviter les blessures, le technicien espagnol n’hésite pas à impliquer l’ensemble de son groupe. Là encore, l’idée en filigrane est que l’équipe est plus forte que les talents qui la composent. « Je pourrais changer quatre ou cinq joueurs du onze, vous ne verriez pas la différence », plaisante-t-il. Ce ne sont ainsi pas moins de 28 joueurs de l’effectif qui foulent les pelouses. Une large rotation qui profite aux jeunes du centre de formation : Yoram Zague (19 ans, 6 matchs), Noham Kamara (19 ans, 2 matchs), Axel Tape (17 ans, 3 matchs) et Ibrahim Mbaye (17 ans, 10 matchs) ont tous le droit à des minutes de jeu. Senny Mayulu (19 ans, 29 matchs) devient, lui, progressivement, une pièce importante du banc. 

Réussir à gagner dans la douleur

L’ère « Lucho » se caractérise aussi et peut-être surtout par la faculté à remporter des matchs difficiles, des rencontres qui auraient sans doute été perdues d’autres années. À ce titre, le duel contre Manchester City (4-2) le 22 janvier dernier, entre deux formations mal au point sur le plan comptable, fait office de tournant. Bousculés dans le jeu et mal embarqués au tableau d’affichage avec deux buts de retard, les Parisiens trouvent les ressources pour renverser la vapeur en marquant à quatre reprises en l’espace de 35 minutes. 

« On a pris confiance depuis ce match, ç’a été la clé », confie Vitinha. « Il fallait sortir du blocage lié à l’inefficacité devant le but. On a dit aux joueurs : ‘ne vous inquiétez pas, on va prendre confiance’. L’efficacité, on l’a obtenue grâce à la générosité des joueurs, ils ont cherché à mieux se placer dans la surface et on est passé de statistiques lamentables aux meilleures d’Europe », poursuit Luis Enrique, qui apporte beaucoup de sérénité à ses joueurs depuis son banc. 

Les Parisiens savourent avec leur public leur victoire renversante contre Manchester City.  - Franck FIFE / AFP
Les Parisiens savourent avec leur public leur victoire renversante contre Manchester City. – Franck FIFE / AFP

Dans les semaines et mois qui suivent, les coéquipiers de Marquinhos parviennent systématiquement à se sortir de situations délicates sur la scène continentale, à chaque fois dans un style distinct mais avec une confiance inchangée. « Ils savent souffrir, ils ne craquent pas malgré la difficulté et ça, c’est la force collective de ce Paris Saint-Germain version Luis Enrique », analyse Bixente Lizarazu, consultant football de TF1, évoquant des « valeurs collectives et beaucoup de solidarité ».

Dans l’enfer d’Anfield face à Liverpool, les joueurs de la capitale ont les nerfs suffisamment solides pour s’imposer lors de la séance de tirs au but, grâce notamment à un Gianluigi Donnarumma de gala. À Villa Park, ils font le dos rond et se qualifient aux dépens d’Aston Villa grâce à leur solidarité défensive. Toujours en Angleterre, c’est leur réalisme qui leur permet de prendre le dessus face à Arsenal, lors de leur déplacement à l’Emirates Stadium. Enfin, sur la marche finale, contre l’Inter Milan, cette confiance accumulée a éclaté au plus grand jour.  Avec à la clé une victoire historique. « Recruté pour créer une équipe », Luis Enrique a tenu sa promesse. Et même plus que ça. 

Maxence GEVIN

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