Il pourrait y avoir, lors de la première rencontre entre Michel Barnier et des élus du Rassemblement national (RN), quelques malentendus à lever. Le premier : « le Joe Biden français », lancé comme une insulte par Julien Odoul, porte-parole du parti d’extrême droite, mercredi soir, sur BFM-TV, est un compliment du point de vue du nouveau premier ministre. C’était le sobriquet que glissait son équipe de campagne à la presse, en 2021, quand il briguait l’investiture de son camp, Les Républicains (LR), dans la course à l’Elysée. Le deuxième : s’il est à la fois un « fossile » et « réputé dans tout Paris comme étant l’un des hommes politiques les plus stupides que la Ve République ait donnés », comme l’a affirmé Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN à l’Assemblée, jeudi, sur France Inter, faut-il perdre son temps à discuter avec lui ?
Malgré ces railleries et les moqueries sur l’âge du plus vieux premier ministre de la Ve République – 73 ans, élu député en 1978 –, le RN a choisi de laisser sa chance à l’élu de Savoie, méconnu des lepénistes. Ces dernières heures, Jordan Bardella et Marine Le Pen étaient soucieux de ne pas apparaître comme responsables d’une aggravation de la crise institutionnelle, notamment vis-à-vis des milieux économiques.
Emmanuel Macron avait préalablement jeté le nom de Michel Barnier dans une conversation avec Marine Le Pen, et reçu l’assurance qu’il n’y aurait pas d’opposition de principe de la part du binôme d’extrême droite. A la mi-journée, devant les parlementaires du RN, Jordan Bardella et Marine Le Pen ont expliqué les modalités de ce délai de grâce accordé à l’ancien ministre et commissaire européen. Et chacun a tancé, au passage, Jean-Philippe Tanguy pour sa tirade matinale contre le futur premier ministre, jugée malvenue.
« Compromis nécessaires »
« Michel Barnier semble répondre, au moins, au premier critère que nous avions réclamé, c’est-à-dire un homme qui soit respectueux des différentes forces politiques et capable de pouvoir s’adresser au Rassemblement national, qui est le premier groupe de l’Assemblée nationale, de la même façon qu’aux autres groupes », a déclaré Marine Le Pen, après que l’Elysée a fait connaître son choix.
Pas question, donc, de torpiller d’entrée le nouveau chef du gouvernement. « Nous attendons de voir quel est le discours de politique générale de M. Barnier et la manière dont il mène les compromis, qui vont être nécessaires sur le budget à venir », a ajouté la cheffe de file des députés RN. « Nous jugerons sur pièces son discours de politique générale, ses arbitrages budgétaires et son action », a abondé le président du parti, Jordan Bardella, sur X.
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