Des coraux décolorés et morts autour de l’île Lizard, sur la Grande Barrière de corail, située à 270 kilomètres au large de la ville de Cairns (Australie), le 5 avril 2024.

Les conséquences de 2023, année la plus chaude mesurée depuis le début des relevés, sont déjà visibles sur les coraux, une des richesses de la nature les plus menacées par le changement climatique d’origine humaine. Même s’il est impossible encore de mesurer la mortalité réelle dans les colonies de polypes, le processus étant en cours, les vagues de chaleur marines ont fait entrer de nombreux récifs de la planète dans une zone létale. Lundi 15 avril, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a ainsi confirmé que la Terre « connaît un nouvel événement mondial de blanchissement des coraux ».

Selon les scientifiques de l’agence américaine qui ont compilé les observations venues de nombreuses régions et les relevés des températures de surface des mers (Sea Surface Temperature, SST) entre février 2023 et avril 2024, cet épisode, le quatrième depuis le début des relevés en 1985, le deuxième en moins de dix ans, est « important ». « Il est encore prématuré pour évaluer les impacts, mais cela semble très puissant, d’autant plus que cela survient très vite après celui de 2016 alors que les coraux ont besoin de plusieurs années, parfois dix ans pour se régénérer quand ils n’en meurent pas », estime Jean-Pierre Gattuso, océanographe (CNRS) au Laboratoire d’océanographie de Villefranche (Alpes-Maritimes). En 2018, une étude publiée dans la revue Nature avait révélé que la chaleur de 2016 avait provoqué la mort de 30 % des coraux de la grande barrière australienne.

Cette fois-ci encore, la globalité du phénomène est impressionnante. Selon la NOAA, il touche la Floride aux Etats-Unis, la mer des Caraïbes, le Brésil, le Pacifique oriental le long du Mexique, de vastes zones du Pacifique Sud (notamment la Polynésie française), la mer Rouge, le golfe Persique et le golfe d’Aden, les Seychelles, Mayotte, la côte ouest de l’Indonésie mais aussi la Grande Barrière de corail. Le 8 mars, les autorités australiennes avaient déjà annoncé que, pour la septième fois en vingt-six ans, un « blanchissement massif » frappait la plus grande structure vivante au monde. Le cinquième épisode en huit ans dans cette zone.

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« A mesure que les océans du monde continuent de se réchauffer, le blanchissement des coraux devient de plus en plus fréquent et grave, alerte Derek Manzello, coordinateur du recueil de ces données, dans la publication de la NOAA. Lorsque ces événements sont intenses et se prolongent, ils peuvent provoquer la mortalité des coraux. »

« Graves conséquences »

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