
« Cari prufessori »… « Chers professeurs ». C’est ainsi que le recteur de Corse, Rémi-François Paolini, a commencé, il y a un an, son discours au corps enseignant et aux personnels administratifs pour la rentrée, et c’est de nouveau ainsi qu’il devrait s’adresser à eux cette année. Le 16 juillet 2024, date de sa nomination en conseil des ministres, le Journal officiel faisait mention d’un certain Rémi Decout-Paolini, mais le haut fonctionnaire n’a repris que le nom de sa mère dans ses bagages.
Cet énarque, normalien, pur produit de la méritocratie républicaine qui a effectué sa scolarité dans l’île jusqu’au baccalauréat, a livré, le 26 juin, dans les colonnes de Corse-Matin, une ample interview « mezu-mezu » (« moitié-moitié »), dont des pans entiers étaient en langue corse. Ambitionnant d’en faire « un pilier central de l’avenir de notre jeunesse ». « Un pillastru maiò di l’avvene di a nostra ghjuventù », dans le texte.
Dans sa défense et illustration de la langue corse, Rémi-François Paolini y justifiait sa volonté d’en faire l’un des « savoirs fondamentaux » au même titre que lire, écrire compter et respecter autrui. Et annonçait alors l’ouverture, à la rentrée 2025, de 70 classes immersives dans le premier degré. L’académie insulaire se targue aujourd’hui d’avoir 52 % des élèves du primaire inscrits dans des filières bilingues. Des mesures qui ont été saluées par une ola nationaliste se félicitant, comme l’autonomiste – et ancien député européen écologiste – François Alfonsi, que « le bilinguisme soit le nouveau slogan du rectorat ».
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