Le vote de plusieurs eurodéputés La France insoumise (LFI) contre une résolution du Parlement européen – soumise au vote jeudi 23 janvier et très largement votée (533 voix pour, 24 contre et 48 abstentions) – demandant la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie, a suscité de vives réactions. La délégation de LFI s’est partagée entre 4 votes contre et 2 abstentions. Rima Hassan a ainsi voté contre, tandis que Manon Aubry s’est abstenue.
« C’est une honte ! Franchement, s’abstenir ou voter contre un tel texte factuel où il n’y a rien d’idéologique, rien d’historique qui soit contestable, c’est simplement cautionner l’emprisonnement d’un immense écrivain dans des geôles et c’est profondément scandaleux », a déclaré sur BFM-TV et RMC Raphaël Glucksmann, qui siège avec les socialistes.
L’ancien « insoumis » François Ruffin s’est dit en « désaccord complet » avec le vote de ses anciens camarades. « La place d’un écrivain n’est pas en prison, qu’on soit d’accord ou pas avec ce qu’il écrit. Evidemment qu’il faut tout faire pour la libération d’un écrivain », a-t-il réagi sur France Inter.
Bruno Retailleau « demande à LFI de se justifier »
Tollé également à droite. « Vous vous rendez compte que cette résolution demandait la libération immédiate d’un homme malade, d’un homme âgé. Et Mme Rima Hassan dit “non, je refuse, je vote contre”. C’est inhumain, c’est politiquement scandaleux. Et je demande d’ailleurs à LFI de se justifier », a renchéri le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, sur Europe 1 et CNews.
Rima Hassan s’est défendue sur X en affirmant notamment « s’opposer à l’instrumentalisation qui est faite » du cas de M. Sansal par la droite et l’extrême droite dans les relations déjà houleuses entre la France et l’Algérie.
M. Retailleau a estimé que Boualem Sansal était « sans doute l’otage de cette relation tendue entre les deux pays » et a demandé « au régime algérien un geste humanitaire ».
Selon les informations du Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris des déclarations de M. Sansal au média français d’extrême droite Frontières, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.
Pour M. Glucksmann, ce vote est un argument supplémentaire pour justifier la rupture en France entre socialistes et « insoumis ». « Notre vision du monde, nos principes ne sont pas les mêmes. Notre rapport au débat public n’est pas le même. Arrêtons l’hypocrisie », a-t-il plaidé.