Créés par décret au lendemain des mutineries de prisonniers de l’été 1974, les quartiers de haute sécurité permettaient de maintenir, au sein des prisons, des détenus isolés jour et nuit. Mais, rapidement, la concentration au même endroit de prisonniers considérés comme dangereux, la multiplication des évasions et tentatives d’évasion, les conséquences psychiques dramatiques sur les prisonniers et l’inefficacité de la méthode pour garantir l’ordre au sein des établissements incitèrent les pouvoirs publics à supprimer ces quartiers des lieux d’incarcération, par la circulaire du 26 février 1982.
Totalement ? Non, car la suppression des quartiers de haute sécurité fut suivie de la création des quartiers d’isolement, où les prisonniers peuvent, encore aujourd’hui, être placés pour une durée infinie, à la suite d’une décision renouvelable tous les trois mois.
Pour placer un prisonnier à l’isolement, l’administration pénitentiaire (si elle est décisionnaire) doit justifier sa décision par un impératif de sécurité, soit pour le prisonnier, soit pour l’établissement pénitentiaire. Le prisonnier, tient à préciser le code de procédure pénale, conserve tous ses droits, cette décision n’étant pas une sanction, mais une « mesure de protection et de sécurité ».
« Torture blanche »
Placé dans un quartier consacré, à l’écart du reste de la population pénale, le prisonnier n’est pas censé, en France, être dans un état d’isolement sensoriel : il peut toujours téléphoner et rencontrer ses proches aux parloirs. Il ne peut cependant participer à aucune activité collective. Il ne peut pas non plus travailler ni participer à des formations (sauf accord exceptionnel donné par le chef d’établissement) et donc ne peut travailler à sa réinsertion, objectif qui lui est pourtant imposé dans le cadre de l’exécution de sa peine.
L’isolement n’est pas sans conséquence sur la psyché des prisonniers : les effets psychiques se font sentir dès les premiers jours, le médecin de l’établissement étant d’ailleurs tenu d’examiner sur place chaque personne détenue au moins deux fois par semaine.
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