La séquence électorale inédite de cette année 2024, qui s’est étirée des européennes du 9 juin aux législatives des 30 juin et 7 juillet, s’achève par l’échec du Rassemblement national (RN) à transformer sa forte poussée en suffrages exprimés en une progression équivalente en sièges au sein de l’Assemblée nationale. C’est l’une des leçons majeures de ces élections : le RN s’est encore heurté au mode de scrutin à deux tours et au barrage qui s’exprime à son endroit dans les seconds tours. Jordan Bardella, qui avait demandé aux Françaises et aux Français de lui accorder une majorité absolue de députés pour gouverner le pays, n’accédera pas à Matignon. Le front républicain a une nouvelle fois fonctionné et il est la principale raison de la contre-performance apparente du RN au second tour des législatives.

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Au soir du premier tour, des divergences étaient apparues publiquement dans la majorité présidentielle Ensemble et avaient tranché avec l’appel unanime des responsables du Nouveau Front Populaire (NFP) à faire barrage au RN. In fine, lors du dépôt des candidatures, le désistement des candidats qualifiés pour le second tour en troisième position, mais devancés par le RN, s’est imposé comme la norme pour toutes les forces politiques, à l’exception des Républicains (LR).

Duels peu favorables

Qualifié pour 446 seconds tours dans les 501 circonscriptions restant à pourvoir, le RN aurait pu se retrouver engagé dans 300 triangulaires ; à la suite des 207 retraits de ses adversaires (124 candidats NFP, 80 Ensemble et 3 LR), le RN s’est en fait retrouvé dans « seulement » 89 triangulaires, quatre de ses candidats décidant également de se retirer dans leurs circonscriptions. Or, à quelques exceptions près, ces triangulaires ont concerné des cas dans lesquels le RN n’était a priori pas menaçant, de sorte que c’est dans les 354 duels que l’échec du second tour des législatives s’est creusé.

Depuis les scrutins électoraux de 2022, le ressort du front républicain semblait en partie usé. Au second tour de la présidentielle, Marine Le Pen avait dépassé 41 % des suffrages exprimés, atteignant le plus haut niveau historique de son parti. Au second tour des législatives, le RN avait été relativement performant lors des duels face à la coalition de gauche (33 victoires sur 59, soit 56 %) comme face à la majorité présidentielle (53 sur 108, soit 49 % de victoires), même s’il avait été incapable de l’emporter face à des candidats hors de ces coalitions (2 sur 35, soit 5 % de victoires).

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