
Le 21 juin, à l’occasion de la Fête de la musique, La Mal Coiffée est montée dans la capitale pour donner de la voix dans le jardin du Palais-Royal. C’est le risque, comme l’a pris ce jour-là le ministère de la culture, lorsque l’on mise sur les musiques dites « traditionnelles », bien plus revendicatives que conservatrices en dépit de leur appellation. « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », a ainsi tonné Laetitia Dutech, une des quatre musiciennes – avec Karine Berny, Myriam Boisserie et Marie Coumes – de ce quatuor chantant en occitan, alors qu’un tract collectif distribué par les « acteur.ices du mouvement folk » présentait des doléances face aux « millions d’euros de coupes sèches et de crédits annulés par décret, le tout dans un déni de Mme la ministre ». L’opération fut menée sous les fenêtres de Rachida Dati, le Palais-Royal étant « un bon symbole de domination » pour Laetitia Dutech.
Trois semaines plus tôt, c’est dans un cadre plus attendu que La Mal Coiffée, nom choisi en référence à La mal cofada, un personnage de la tradition populaire occitane moqué pour son apparence négligée, présentait son huitième album, Rojas, troisième volet d’une trilogie « rouge-son » inaugurée avec Roge en 2021. Rouge, donc, comme la colère, la passion et ce sang de la terre qui a nourri les luttes viticoles du Languedoc, du mouvement des vignerons réprimé en 1907 à celles des années 1970, quand résonnait la chanson Lengadoc Roge de Claude Marti. De ce chanteur et poète, La Mal Coiffée reprend aujourd’hui Lo pais que vol viure (« Le pays qui veut vivre »), avec ses références aux Albigeois victimes des Croisés (1209-1229) et à la Commune de Narbonne (1871). Ce pays, « c’est le cyprès dressé, les Corbières salées/C’est le village mort, la terre abandonnée » (« Es lo ciprès quilhat, las Corbièras saladas/Es lo vilatge mort, la tèrra abandonada »).
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