La 31e édition du Sidaction se tiendra du vendredi 21 au dimanche 23 mars.

Un appel à « mettre le paquet » sur la recherche et « un cri d’alarme » : le Sidaction se veut doublement combatif pour soutenir la lutte contre le sida, mise à mal dans le monde par les coupes budgétaires américaines décidées par l’administration Trump.

« Les incroyables décisions américaines renvoient la lutte anti-VIH vingt ans en arrière », « c’est un cri d’alarme », déclare à l’Agence France-Presse Florence Thune, directrice générale de Sidaction, avant la 31e édition, de vendredi 21 à dimanche 23 mars, de cet événement caritatif soutenu par une trentaine de télévisions et radios. Cela « renforce notre message appelant à mettre le paquet sur la recherche, pour pouvoir libérer un jour les personnes avec le VIH d’un traitement à vie », souligne-t-elle.

S’il est possible de vivre avec le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) quand on est sous traitement, on ne guérit toujours pas du sida, et beaucoup de progrès restent nécessaires pour la prévention, le dépistage ou l’accès aux soins, y compris en France.

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« Conséquences en cascade »

Les dons au Sidaction, possibles par téléphone, SMS ou Internet, servent à financer des recherches, des soins, des programmes d’aide aux personnes vivant avec le VIH, en France et à l’étranger. L’édition 2024 a réuni 3,87 millions d’euros de promesses de dons, un montant similaire à celui récolté l’année précédente.

L’association, présidée par la codécouvreuse du virus et prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi, s’inquiète désormais des « conséquences en cascade » des coupes budgétaires de l’administration Trump et du risque que « l’épidémie de sida ne reparte », selon Mme Thune.

Sur la trentaine d’associations soutenues à l’international, notamment en Afrique de l’Ouest et du centre, « certaines voient leurs budgets amputés de 30 % à 50 % ». « Résultat : des arrêts de distribution de préservatifs, de dépistages, de prescriptions de PrEP [prophylaxie pré-exposition, une pilule préventive pour les personnes très exposées au VIH] », rapporte Mme Thune.

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« Dans le monde, 90 % des traitements qui sont utilisés par la PrEP sont financés par les Etats-Unis », a renchéri jeudi l’infectiologue Jean-Michel Molina, lors d’un point organisé par l’agence française de recherche ANRS-MIE. « Cela fait craindre un rebond de l’incidence du VIH très rapide dans un certain nombre de pays. »

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Plusieurs centaines de spécialistes du VIH, dont Françoise Barré-Sinoussi, ont exhorté la semaine dernière les Etats-Unis à rétablir leurs contributions à l’aide internationale, jugeant que les coupes pourraient « provoquer la mort d’environ six millions de personnes lors des quatre prochaines années ».

Persistance des idées fausses

En France, quelque 200 000 personnes vivent avec le VIH et près de 5 500 nouvelles séropositivités ont été découvertes en 2023. Et « les plus de 50 ans sont même un peu plus nombreux que les jeunes parmi ceux qui découvrent leur séropositivité », pointe Mme Thune. « Grâce à la recherche, on peut vivre avec le VIH, en aidant la recherche on pourra vivre SANS », espère l’association, cofondée en 1994 par Pierre Bergé et Line Renaud.

Les scientifiques travaillent toujours pour permettre une rémission persistante de porteurs du virus mais aussi pour essayer d’éviter, chez des personnes vieillissant avec le VIH et traitées, des comorbidités précoces (maladies cardiovasculaires, diabète, cancers…). La longue quête d’un vaccin continue aussi.

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Plus de trente ans après le premier Sidaction, où la comédienne Clémentine Célarié avait embrassé un séropositif sur la bouche pour montrer que le virus ne se transmettait pas de cette manière, des idées fausses persistent. Un nouveau sondage Opinionway pour l’association montre un niveau de fausses croyances chez les 15-24 ans record depuis dix ans. Dans ses résultats « alarmants », 42 % des jeunes pensent que le VIH peut se transmettre par un baiser (+12 points en un an), 31 % en buvant dans le verre d’une personne séropositive (+6).

En ce qui concerne la prévention, le recours à la PrEP reste insuffisant, notamment parmi les précaires ou les femmes. L’usage du préservatif aussi.

Malgré les progrès, près de 40 millions de personnes vivent encore avec le VIH dans le monde, dont un quart environ sans traitement, et plus de 600 000 meurent chaque année des suites du sida. « Le chemin vers la fin du sida reste semé d’embûches », de l’avis même de l’Onusida. L’objectif d’y parvenir en 2030 est encore plus compromis par les décisions de Donald Trump. « Heureusement, il n’y a pas que les Etats-Unis qui financent les projets (…) l’Union européenne est extrêmement impliquée », a noté jeudi l’infectiologue Karine Lacombe.

Le Monde avec AFP

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