Si la tendance n’est pas tout à fait nouvelle, elle prend de l’ampleur depuis les confinements et la crise du covid.
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à adopter le « no bra ». Comprendre : sans soutien-gorge.
Le décryptage d’Anaïs Grangerac dans « Bonjour ! La Matinale TF1 ».

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Avec Elles

 Le soutien-gorge en voie de disparition ? Peut-être bien. Depuis quelques années, la tendance « No bra » prend de l’ampleur. Par « no bra », on entend « sans soutien-gorge ». Si elle n’est pas nouvelle, elle s’est notamment amplifiée depuis le confinement. Selon un sondage Ifop, 7% des Françaises de 18 ans et plus ne porteraient jamais, ou presque jamais, de soutien-gorge, contre 3% avant le confinement. Chez les plus jeunes, la tendance est plus affirmée : 18% des moins de 25 ans pratiqueraient le « no bra », contre 4% en 2020. Dans « Bonjour ! La Matinale TF1 », Anaïs Grangerac nous explique pourquoi les femmes abandonnent le soutien-gorge.

Injonctions patriarcales et inconfort

« C’est vrai qu’on ne peut pas évidemment s’empêcher de penser aux décisions féministes. On pense à Mai 68, où on voyait ces femmes qui ont jeté leur soutien-gorge, leur gaine, leur talon haut, dans la poubelle de la liberté« , raconte la journaliste. L’idée était, en effet, de s’opposer aux injonctions patriarcales, aux normes sociétales et à l’objectification des femmes. Certes, « nous vivons une dynamique intense, portée par les réseaux sociaux, de réappropriation par les femmes de leur corps dans toutes ses dimensions« , explique la philosophe Camille Froidevaux-Metterie à Marie-Claire et le « no bra » participe à cette « bataille de l’intime », néanmoins, ce n’est pas tant l’argument féministe ou politique qui est le plus avancé par les adeptes du « no bra ». Non, la principale raison invoquée est l’inconfort. Armatures qui cisaillent, bretelles qui s’impriment dans l’épaule, les seins comprimés, la galère pour trouver la bonne taille… résultat : la balance penche sérieusement plus du côté des « désagréments » que des « avantages ». D’ailleurs, les marques l’ont bien compris puisqu’elles proposent de plus en plus des vêtements qui ont des espèces de soutiens-gorge intégrés, beaucoup plus agréables à porter et qui évitent d’attirer les regards insidieux et lubriques. Les brassières ont aussi le vent en poupe. Relativement invisibles, elles font presque office de seconde peau. Pour Camille Froidevaux-Metterie, le « no bra » permet de « rendre visible la diversité des formes et des tailles des seins afin que les femmes acceptent enfin leurs poitrines telles qu’elles sont, toutes belles et singulières« . Toutefois, les alternatives au soutien-gorge classique ne sont pas toujours adaptées aux poitrines les plus généreuses. « C’est plus facile d’abandonner son soutien-gorge quand on fait un bonnet A qu’un bonnet E« , souligne Anaïs Grangerac.

Quels risques pour la poitrine ?

Certaines pensent que ne pas porter de soutien-gorge pourrait avoir un effet néfaste sur l’élasticité. En réalité, la plupart des études avancent le contraire. Une large étude menée sur quinze ans par le professeur Jean-Denis Rouillon du CHU de Besançon a d’ailleurs démontré que les femmes qui ne portaient pas de soutien-gorge ont vu leur poitrine se raffermir, le mamelon remonter de sept millimètres par an et les vergetures se dissiper. Par ailleurs, ne pas porter de soutien-gorge évite les problèmes d’irritation, de rougeur, la compression des tissus qui gênent d’une part la circulation sanguine et lymphatique. Laisser la poitrine libre inciterait les tissus à se mettre en tension et à se renforcer, explique le professeur dans une interview accordée à ELLE.

Par ailleurs, il faut aussi avoir en tête qu’avec la ménopause, les tissus vont se relâcher naturellement, et que les femmes à forte poitrine ont également besoin d’être maintenues pour éviter les douleurs dorsales. Toutefois, dans son étude, le professeur explique qu’une femme âgée de « 60 ans, a vu beaucoup d’amélioration deux ans après avoir arrêté de mettre un soutien-gorge. En parallèle, elle s’était remise au karaté et à la course à pied« . Il précise que « l’activité physique aide, car elle nourrit les tissus et peut muscler le haut du corps« .

Si le « no bra » fait son chemin, les Françaises sont encore loin des femmes Scandinaves qui sont 95% à ne pas porter de soutien-gorge. Le chemin est encore long et la question du conditionnement social (notamment du regard des autres) est essentielle. Enfin, il ne s’agit pas de jeter son soutien-gorge à la poubelle, l’idée est de chercher des alternatives moins pénibles, plus uniformes et moins douloureuses.


Sabine BOUCHOUL | Chronique : Anaïs Grangerac

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