Depuis l’annonce kamikaze de François Bayrou d’un vote de confiance devant l’Assemblée nationale, lundi 8 septembre, pour faire émerger un consensus sur la gravité de la dette, le débat n’a fait que s’enkyster. Les polémiques se sont envenimées, sans provoquer une prise de conscience constructive de l’impasse dans laquelle se trouve la France.

La mission que s’est fixée le premier ministre était d’autant plus impossible que la responsabilité est collective, donc difficilement assumable individuellement. « La dette, c’est chacun d’entre nous », a tenté François Bayrou dans son discours-testament. Une formule qui n’a pas manqué de faire hurler les oppositions et de braquer les Français, qui ont répondu en chœur : « La dette, c’est l’autre. »

Son propos était sans doute politiquement maladroit, puisque seuls 14 % des Français admettent l’existence d’une responsabilité collective, selon un récent sondage Elabe-Les Echos. Le chef du gouvernement n’a pourtant fait que résumer la réalité des cinquante dernières années au cours desquelles les alertes ont été soigneusement ignorées, aussi bien par les gouvernants que par les gouvernés.

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Le déni s’est autojustifié puisque, de présidentielle en présidentielle, que le pays soit en récession ou en croissance, la dette s’est accumulée sans que le ciel ne nous tombe sur la tête. Bien à l’abri du parapluie de l’euro et de la Banque centrale européenne, la perfusion financière a pu se poursuivre de façon indolore. Plus les doses d’argent public augmentaient, plus leur pouvoir anesthésiant plongeait le pays dans un sommeil comateux.

Une politique du chéquier

La dette, « ce ne sont pas les gouvernements qui la consomment », soutient Bayrou. Comment lui donner tort ? Si les mouvements sociaux se sont enchaînés ces dernières décennies dès qu’il s’est agi de rogner sur la dépense, on n’a pas vu de manifestations pour protester contre la politique du chéquier destinée à éteindre telle ou telle crise sociale ou économique.

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