Conscient ou non, le sauveur se met en relation avec des individus en difficulté afin de se glisser dans la peau d’un héros.
Aussi appelé syndrome de l’infirmière chez les femmes, le syndrome du sauveur n’est pas reconnu par la médecine comme une maladie ou un trouble psychologique.
Malgré cette absence de reconnaissance en tant que terme clinique, ce syndrome qui peut s’avérer toxique concerne le domaine amoureux, amical ou professionnel.

Faut-il se méfier des gens trop gentils ? Souvent perçues comme très aimables et serviables, les personnes qui souffrent du syndrome du sauveur n’accomplissent pas véritablement leurs bonnes œuvres par pur altruisme. Contrairement aux vrais gentils qui n’attendent rien en retour, ils s’érigent en héros pour servir leurs intérêts personnels. Bien qu’ils n’aient aucune volonté de nuire, ils tissent des relations généralement problématiques. Peut-être avez-vous déjà eu affaire à un sauveur : cet ami qui passe des heures à vous remonter le moral au téléphone, cette collègue qui rattrape vos manquements au bureau ou ce conjoint qui s’est mis en tête de guérir vos blessures émotionnelles ? 

À quoi reconnaît-on les sauveurs ?

Hélène Vecchiali, psychanalyste et auteur du livre « La Tragédie des sauveurs ou le besoin ardent d’être aimé » explique que ce syndrome concerne tant les femmes que les hommes, quels que soient leur âge et leur catégorie socioprofessionnelle. On les reconnaît par leur besoin irrépressible de soigner les autres, ce qui les fait passer d’aidants sains à aidants compulsifs. 

Au premier abord, le sauveur semble bienveillant et animé de bons sentiments. Mais ce besoin viscéral d’aider les autres au détriment de son propre bien-être pose un problème. En voulant apporter son soutien à tout prix, ce héros du quotidien endosse le rôle de sauveur dans le triangle de Karpman : afin de se valoriser, il secourt une victime d’un persécuteur. 

Syndrome du sauveur : un manque de confiance en soi ?

Pour Mary C. Lamia et Marilyn J. Krieger, psychologues cliniciennes et psychanalystes, auteurs de l’ouvrage « Le syndrome du sauveur », les sauveurs manquent généralement de confiance en eux. En raison d’un manque de reconnaissance, ils recherchent la gratitude par leurs actions. 

Dans leurs rangs, on retrouve des personnes avec des passés de perte, d’abandon, de rejet, de traumatisme ou d’amour sans retour, soulignent les spécialistes. Les enfants thérapeutes, confidents et soignants de leurs parents, deviennent également des sauveurs à l’âge adulte. 

Ce besoin de régler les problèmes des autres au lieu des siens peut être problématique à différents niveaux. Les sauveurs ont l’impression d’exister à travers l’aide qu’ils apportent alors même que les personnes en difficulté n’ont parfois rien demandé. Pour Hélène Vecchiali, il s’agit d’une manière de se réparer à travers l’autre. Plutôt que d’avoir recours à cette situation, il vaut mieux suivre une thérapie afin de rétablir son estime de soi. Une introspection à l’aide d’un psychologue s’avère indispensable. 


Emilie CARTIER pour TF1 INFO

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