Dans sa forme actuelle, un synode des évêques est une assemblée consultative et délibérative, le pape ayant le mot de la fin. L’objectif initial du dernier synode, dont la seconde assemblée générale, ouverte aussi à quelques laïcs, s’est achevée fin octobre, était de penser les changements souhaitables dans l’Eglise, dans le contexte des révélations sur l’ampleur de la pédocriminalité et des abus de toutes natures commis par les clercs.

Au fil de la démarche synodale, l’objectif premier a été perdu de vue au profit des moyens à employer pour l’atteindre. La « méthode synodale », envisagée comme une fin en soi, est devenue l’objectif principal de ce synode. Ainsi, cette assemblée ne s’est pas saisie d’un certain nombre de points importants, et en particulier celui des fondements de la gouvernance.

Des deux sessions, on peut néanmoins retenir quelques enseignements.

Refus du débat

Tout d’abord, quand on donne la parole aux catholiques, ils la prennent. Le synode a donné la parole aux fidèles qui, pour une large part, l’ont prise, dans le cadre de la vaste consultation organisée en amont de sa préparation.

Ainsi, en dépit des inévitables édulcorations et reformulations auxquelles ont abouti les synthèses réalisées par les évêques de chaque pays, puis de chaque continent, la revendication d’une plus grande égalité entre les hommes et les femmes dans les fonctions ecclésiales est largement ressortie de cette consultation partout à travers le monde.

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Mais, durant les assemblées générales du synode, nous avons assisté à un refus de principe du débat [le sujet du diaconat féminin a, entre autres, été exclu des discussions] comme méthode de fabrication de consensus par l’institution ecclésiale. Un refus servi par la notion de « conversation dans l’Esprit Saint » : il s’agissait de réduire l’espace du débat et de la confrontation constructive, perçus par le magistère de l’Eglise comme une atteinte à sa conception de l’unité, héritée dans ses modalités de l’Empire romain, par la volonté de Constantin.

Ces éléments sont caractéristiques du paradoxe que devait résoudre ce synode : l’Eglise catholique romaine, société organisée en ordres hiérarchisés, peut-elle coexister aujourd’hui dans une société civile dont le principe de base, désormais séculaire, est l’égalité des personnes, avec l’organisation sociale qui en découle ?

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L’Eglise et la société civile fonctionnent selon deux modèles antinomiques. Une société d’ordres, organisée en deux castes séparées et hiérarchisées (clercs/laïcs), versus une société fondée sur l’égalité des droits, sans distinction entre les sexes, selon plusieurs caractéristiques :

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