Il n’est jamais inutile de regarder dans le rétroviseur pour tenter de comprendre la nature des blocages politiques qui menacent de paralyser le pays au moment où l’évolution de la situation internationale combinée à la dégradation des comptes publics imposent des choix structurants. Le constat est inquiétant. Près d’un an après la dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024, qui a privé le président de la République de majorité dans l’Hémicycle, la notion de compromis n’a pas substantiellement progressé. Ni la présence à Matignon du patron du MoDem, François Bayrou, qui s’en est fait le chantre depuis trois décennies, ni la possibilité donnée aux députés de déjouer la verticalité de la Ve République ne sont parvenus à débloquer le jeu.

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Le Palais-Bourbon fonctionne au ralenti, le premier ministre se voit reprocher par l’opinion sa procrastination, mais dès qu’il esquisse le moindre mouvement sur la question des finances publiques, il s’expose au blocage. Depuis quelques jours, le Rassemblement national (RN) et la gauche le menacent de censure sur un supposé projet de TVA sociale dont personne n’a vu les contours. Cette façon de crier au loup sans que le sujet ait pris une quelconque réalité est caractéristique de la période : on ne débat plus, on s’oppose au risque d’alimenter ce que Luc Rouban, directeur de recherche CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) appelle « un moment historique de doute » sur le rapport qu’entretient la France au politique.

« La question que pose la séquence électorale de 2024 ne porte plus seulement sur les moyens de l’action publique et sur son efficacité. Elle porte désormais sur l’utilité même de l’action publique, sur l’incapacité systémique à pouvoir réformer l’Etat, à faire accepter des règles de vie commune, et sur l’émergence de pouvoirs et d’acteurs privés qui prennent en main le politique », s’alarme le chercheur dans le livre Le Vote sans issues. Chroniques électorales 2024, sous la direction de Bruno Cautrès et Anne Muxel (Presses universitaires de Grenoble, 340 pages, 25 euros).

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