Dror Mishani est un écrivain israélien né en 1975, qui enseigne la littérature à l’université de Tel-Aviv, après avoir été éditeur et collaborateur du quotidien Haaretz. Parmi ses cinq polars traduits en français, quatre mettent en scène Avraham Avraham, policier tenace et tourmenté, qui traque les criminels à Tel-Aviv et dans ses environs. Le premier d’entre eux, Une disparition inquiétante (Seuil, 2014), a été porté à l’écran par Erick Zonca sous le titre Fleuve noir (2018). En 2021, le prix Mystère de la critique a récompensé Une deux trois (Gallimard, 2020).
Avec Au ras du sol (Gallimard, 176 pages, 20,50 euros), Dror Mishani quitte provisoirement le genre policier. Sous-titré Journal d’un écrivain en temps de guerre, le livre est une plongée dans la vie d’une famille israélienne durant les premiers mois de la guerre contre le Hamas, mais aussi dans les réflexions de son auteur sur la situation de son pays et le rôle de la littérature.
Au lendemain des bombardements massifs lancés par Israël contre Gaza, les 17 et 18 mars, quel est votre état d’esprit ?
Je suis horrifié. Si nous continuons la guerre contre les Palestiniens, les vies des otages israéliens à Gaza seront encore plus en danger qu’elles ne le sont aujourd’hui.
Mais je crois que cette équation est plus profonde et surtout plus large : nos vies, ici, dépendent de notre capacité et de notre volonté à arrêter cette guerre menée depuis presque dix-huit mois et d’aider les Gazaouis à bâtir de nouveau leurs vies et leurs maisons. Si nous ne nous arrêtons pas, la vie de nos enfants sera également en danger, car la violence qui fait rage sans arrêt brûle tout, et le feu que nous allumons reviendra nous hanter.
Il vous reste 83.11% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.