Israël, depuis un an, refuse de délivrer des visas de travail aux personnels des organisations non gouvernementales (ONG) qui opèrent dans les territoires palestiniens occupés par l’Etat hébreu. Les employés quittent le pays quand leur durée de séjour autorisée expire. Ils sont remplacés par d’autres, qui ne peuvent entrer qu’avec un visa de tourisme, valable uniquement trois mois, et qui interdit, en théorie, de travailler.

Pendant quelque temps, certains de ces employés ont rusé, en sortant temporairement du pays pour entrer à nouveau, quelques jours après. Ce n’est plus possible. Les autorités israéliennes ont formulé une nouvelle règle, à la mi-septembre : il est impossible de cumuler plus de deux visas de tourisme en moins de six mois.

D’autres personnels humanitaires, beaucoup plus rares, se sont vu accorder un visa de tourisme multi-entrée valable un an, grâce à la discrète pression d’un pays donateur exercée sur Israël. Mais il leur est tout aussi interdit, officiellement, de travailler. Ils ne peuvent effectuer certaines démarches légales, comme acheter un véhicule, procéder à certaines opérations bancaires…

« Comment attirer des professionnels de l’humanitaire qui travailleraient avec un visa touristique valable trois mois ? Ce n’est pas probablement pas quelqu’un qui a une famille. Mais plutôt quelqu’un de plus jeune prêt à prendre le risque. Nous ne pouvons donc pas recruter le personnel plus expérimenté dont nous avons besoin. Et même s’ils arrivent à entrer, ils n’ont pas la permission de travailler avec des visas touristiques », s’inquiète Allegra Pacheco, responsable du Consortium pour la protection de la Cisjordanie, un partenariat regroupant cinq ONG.

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Les humanitaires sont placés au mieux dans l’insécurité juridique, voire dans l’illégalité. La situation devient intenable, selon l’ensemble des employés rencontrés par Le Monde. Les restrictions sont imposées à plusieurs niveaux. A commencer par l’entrée sur les territoires palestiniens, dont tous les accès sont contrôlés par Israël. L’État hébreu oppose un refus généralisé de délivrer des visas de travail à tout le personnel humanitaire international. Et les membres de deux importantes ONG ont fait l’objet d’interdictions du territoire. « Il semble qu’ont été interdits d’entrée les membres des organisations qui ont tenu les propos les plus virulents sur les violations des droits humains commises par Israël », estime une source proche des milieux humanitaires.

« Un rétrécissement de l’espace humanitaire »

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