Une semaine après l’engagement pris par Emmanuel Macron, le 24 juillet, de reconnaître l’Etat de Palestine au cours de la prochaine Assemblée générale des Nations unies, en septembre, des lignes bougent. Deux pays membres du G7, le Royaume-Uni et le Canada, ont eux aussi fait un pas en direction de cette reconnaissance, ainsi que le Portugal. Même si l’histoire du conflit israélo-palestinien incite à la prudence, ce frémissement est encourageant.
L’engagement français n’aurait certainement pas eu le même écho si Israël s’était enfin décidé à mettre fin à sa guerre contre Gaza, et les Palestiniens qui y survivent, sans résultat pour les otages qui y sont prisonniers. La coalition dirigée par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a, au contraire, fait le choix de la surenchère en évoquant un nettoyage ethnique et en usant de l’arme de la faim.
L’organisation israélo-américaine mise sur pied pour renforcer l’emprise israélienne sur Gaza a produit les résultats que l’on sait : des distributions notoirement insuffisantes de nourriture transformées en bains de sang du fait de son incompétence. L’Etat hébreu contrôlant la totalité des accès d’une étroite bande de terre transformée en mouroir, il est le seul comptable de l’indignation mondiale que suscite le sort infligé à ses habitants.
Sans surprise, l’initiative française a déchaîné sa fureur. Il faut espérer que cette dernière contribue à dessiller les yeux de ceux qui continuent de voir dans l’Etat hébreu ce qu’il fut et non ce qu’il est devenu. L’adoption à une écrasante majorité par le Parlement israélien, la Knesset, d’une résolution non contraignante en faveur de l’annexion de la Cisjordanie en est un autre signal. On ne peut que déplorer que les formations centristes israéliennes aient jugé bon de s’abstenir à propos d’un territoire conquis militairement en 1967, colonisé par la force, et sur lequel Israël ne peut se prévaloir d’aucun droit.

Face à ce jusqu’au-boutisme israélien, l’initiative française a le mérite de réintroduire de la politique alors que l’absence de toute perspective sert les extrêmes depuis des années. D’autant qu’elle s’accompagne d’une position claire vis-à-vis du Hamas, responsable du fait déclencheur de la tragédie en cours, à savoir les massacres du 7 octobre 2023 : l’impératif de son désarmement et de son éviction auxquels plus de vingt-deux mois d’une guerre à outrance ne sont pas parvenus.
Une lueur d’espoir
Cette position est partagée avec les pays arabes qui pourraient contribuer à reconstruire Gaza et à offrir à ses habitants une lueur d’espoir, une fois que les armes se seraient tues. Le corollaire de cette éviction est également réaffirmé : la refondation d’une Autorité palestinienne aujourd’hui discréditée. Cette dernière, faut-il le rappeler, avait été conçue par les accords d’Oslo de 1993 pour accompagner un processus de paix, et non pour jouer les supplétifs impuissants d’une force occupante.
Rien ne garantit que le frémissement constaté depuis le 24 juillet porte ses fruits. Les menaces agitées par Donald Trump à l’égard du Canada, à la suite de la déclaration du premier ministre Mark Carney, favorable à une reconnaissance de la Palestine, témoignent de la détermination de ceux qui se refusent à exercer la moindre pression significative sur Benyamin Nétanyahou. Les voix qui, en France comme à l’étranger, ont critiqué l’initiative d’Emmanuel Macron n’ont pourtant pas d’autre projet que l’obstination dans l’impasse.