Le 13 février, Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, et Elisabeth Borne, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, lançaient les Assises de lutte contre l’antisémitisme, dont doivent émerger des propositions que l’on souhaite fortes et opérantes. Concernant l’école, il est souhaitable qu’à cette occasion une réflexion profonde soit engagée sur le récit historique proposé aux élèves.

Lire le récit | Article réservé à nos abonnés A l’école, l’antisémitisme et le racisme s’expriment de plus en plus tôt : « Il n’y a plus de tabous »

La lutte contre l’antisémitisme par la mémoire et la connaissance de la Shoah – hostilité aux juifs accomplie dans sa forme paroxystique –, si elle reste indispensable, bute aujourd’hui sur une société fracturée par des concurrences mémorielles, victimaires et identitaires, dans laquelle la Shoah, sa mémoire et son enseignement sont devenus des objets de crispation et d’instrumentalisation qui limitent leur portée civique.

La focalisation sur la Shoah dans les programmes d’histoire peut également avoir pour effet, chez certains de nos élèves, de réduire l’antisémitisme à sa dimension paroxystique, en minimisant la portée, dans le passé comme au présent, de propos ou de gestes qui ne sont pas accompagnés d’intentions violentes ou génocidaires, mais dont l’usage contribue pourtant à entretenir un climat d’hostilité contre les juifs.

Guerre des mémoires

Par ailleurs, résultant d’une judéophobie d’origine européenne, nationaliste et raciste (c’est-à-dire d’extrême droite), la Shoah masque les autres matrices dont l’antisémitisme contemporain est aussi issu. La judéophobie en tant qu’elle se nourrit aussi d’anticapitalisme, d’antisionisme et d’islamisme est totalement absente des programmes scolaires. De sorte que nos élèves ne sont pas outillés pour comprendre ce qui se joue derrière une hostilité qui atteint des niveaux inédits depuis la seconde guerre mondiale et qui s’alimente à toutes ces matrices, qui parfois se conjuguent.

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