Réduire la liberté d’expression à de la géométrie variable, en faire l’otage de ses convictions, c’est ouvrir la porte aux excès. Et à Donald Trump, par exemple. On tient un bon exemple avec Boualem Sansal. L’écrivain à la fois Algérien et Français, atteint d’un cancer, croupit depuis la mi-novembre 2024 dans une prison de son pays d’origine. Et il faut bien constater que son soutien, au-delà de quelques-uns, sincères, est instrumentalisé, « calculé », à gauche comme à droite. De la même façon que Trump instrumentalise la liberté de s’exprimer et de créer, comme s’il remplissait un questionnaire à choix multiples.

Lire le portrait | Article réservé à nos abonnés Boualem Sansal, écrivain dissident et provocateur

Sansal a un comité de soutien, son éditeur Gallimard se démène, le diplomate romancier Jean-Christophe Rufin milite pour qu’il entre à l’Académie française, une émouvante soirée de soutien a été organisée, mardi 18 février, à l’Institut du monde arabe, réunissant une soixantaine d’écrivains, comme l’a relaté Jean Birnbaum dans Le Monde du 20 février.

Mais constatons que les écrivains et figures culturelles parmi les plus à gauche, et ça ne manque pas, ne se bousculent pas derrière lui. Le romancier, membre de l’académie Goncourt, Philippe Claudel déplore, de son côté, que la mobilisation ne gagne pas les Algériens de France. Dans « La Grande Librairie », sur France 5, Emmanuel Carrère constate que l’on reproche à Sansal d’être un provocateur de droite, voire d’extrême droite, comme on a pu stigmatiser, avec les mêmes mots, Charlie Hebdo, Salman Rushdie ou Alexandre Soljenitsyne.

Contre-verités

La coupe n’est pas pleine : Boualem Sansal, entend-on, déteste l’Algérie, son anti-islamisme confine à l’islamophobie, il a donné un entretien à une revue d’extrême droite dans lequel il épouse la thèse du Maroc sur le conflit frontalier avec l’Algérie. C’est ainsi que la députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau trouve scandaleux qu’il soit en prison, « même si ce n’est pas un ange dans ses positions ». Six élus de La France insoumise au Parlement européen, dont Manon Aubry et Rima Hassan, sont allés plus loin en refusant, le 23 janvier, de voter pour une résolution demandant la libération de Sansal.

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