Le maire de Cannes (LR) David Lisnard affirme que 15 candidats du Rassemblement national aux législatives ont déjà été missionnés pour observer un scrutin russe.
Au moins neuf personnalités investies ou soutenues par le parti d’extrême droite se sont déjà rendues en Russie dans ce cadre.
On retrouve également des députés européens ou des cadres du RN, mais aussi d’autres bords politiques.

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Élections législatives 2024

Dans cette campagne inédite des législatives, des élus pointent du doigt les éventuelles pressions étrangères pouvant intervenir. À l’instar de David Lisnard, maire Les Républicains (LR) de Cannes, qui a interrogé les relations du Rassemblement national (RN) avec la Russie. « Aujourd’hui, 15 candidats du Rassemblement national ont été désignés par Poutine pour être vérificateurs des élections en Russie », a assuré l’élu au micro de Sud Radio ce mercredi 26 juin. 

À quoi David Lisnard fait-il allusion ici ? Avant tout, la « désignation par Poutine » renvoie au mode de nomination des observateurs étrangers dans le cadre de scrutins organisés en Russie. Selon les autorités russes, une « invitation est requise » pour obtenir ce statut, la plupart du temps délivrée par le gouvernement. Il peut s’agir du président russe en personne, ou bien de la Commission électorale centrale de la Fédération de Russie. 

Au moins 9 candidats investis ou soutenus par le RN

Maintenant, le maire de Cannes ne précise pas la nature des élections auxquelles il fait référence. Au dernier scrutin de 2024, qui a débouché sur la réélection de Vladimir Poutine, aucun candidat investi par le RN ne figurait parmi les observateurs étrangers, d’après les données de l’EDPE, la plateforme européenne pour des élections démocratiques. En revanche, les profils de militants français d’extrême droite ou de blogueurs russophiles ont été retenus pour l’occasion, comme nous le développions ici. Certains de ces noms reviennent souvent dans les précédents scrutins organisés en Russie. 

En 2022, lors des référendums organisés illégalement dans les quatre territoires occupés (Donestk, Lougansk, Kherson et Zaporijia), aucun candidat RN n’était présent non plus. Mais en remontant plus loin, il est possible de retrouver la trace de personnalités investies ou soutenues par le parti aux législatives parmi les observateurs désignés par la Russie pour des élections. Nous sommes parvenus à en dénombrer au moins neuf depuis 2017. Un chiffre que cite également Le Monde dans une enquête sur les investitures du parti.

En Russie ou dans les territoires occupés

C’est ainsi qu’en 2021, deux candidats RN se sont rendus en Russie pour observer les élections législatives : Frédéric Boccaletti, député sortant et candidat dans le Var, et Jean-Lin Lacapelle, candidat dans le Loiret. Ce dernier avait également visité la Russie un an plus tôt, pour les mêmes raisons. En Crimée pour ces élections, on retrouve non pas une personnalité investie par le parti, mais Tamara Volokhova, la conseillère franco-russe du groupe au Parlement européen mentionnée par Gabriel Attal, lors du débat du 25 juin sur TF1. 

Trois autres candidats RN ont observé le référendum constitutionnel en 2020. Hélène Laporte, députée sortante et candidate dans le Lot-et-Garonne, Julie Lechanteux, députée sortante et candidate dans le Var, se sont rendues en Russie, tandis que Virginie Joron, députée européenne et candidate dans le Bas-Rhin, était présente en Crimée. 

Deux ans plus tôt, trois candidats investis ou soutenus par le RN étaient observateurs de l’élection présidentielle. Bruno Bilde, député sortant et candidat dans le Pas-de-Calais, était présent en Russie, tandis qu’Andréa Kotarac, candidat dans l’Ain et qui militait à cette époque pour LFI, était dans la région de Donestk. En Crimée, on pouvait trouver Jacques Myard, candidat LR soutenu par le RN dans les Yvelines. En 2017, Dominique Bilde, aujourd’hui candidate en Meurthe-et-Moselle, observait les élections régionales russes. 

On peut également citer la désignation comme observateurs étrangers de députés européens RN, comme Thierry Mariani (2021, sous bannière LR en 2018 et 2017), Philippe Olivier (2020), Catherine Griset (2020), ou encore Gilbert Collard (2018). Mais aussi des cadres du parti, comme son vice-président, Louis Aliot (2018). D’autres figures issues de couleurs politiques différentes ont pu observer des scrutins russes. 

La référence aux 15 noms du RN faite par David Lisnard est probablement tirée d’une enquête de Mediapart, qui a compilé l’ensemble des candidats ayant des liens directs avec le pouvoir russe. Certains ont été observateurs, tandis que d’autres ont dirigé des associations vantant les intérêts russes. 

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Caroline QUEVRAIN

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