Longtemps qualifié de « laboratoire du Front national », le département du Gard semble être devenu un solide bastion du parti d’extrême droite. Avec, déjà, un score historique (40,4 % des voix) lors des européennes du 9 juin, le Rassemblement national (RN) a confirmé son enracinement lors du premier tour des élections législatives anticipées, dimanche 30 juin. La formation lepéniste arrive, pour la première fois, en tête dans les six circonscriptions. Et, avec 52,2 % des voix, le député sortant Nicolas Meizonnet est réélu dès le premier tour dans la 2e circonscription. Ce n’est pas une surprise sur ces terres de Petite Camargue où le RN dépasse souvent les 45 % des suffrages exprimés depuis près de dix ans.

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Partout ailleurs dans le département, les candidats du parti présidé par Jordan Bardella arrivent en tête avec plus de 40 % des voix. Ils entament cette dernière semaine de campagne en position de force. De la Camargue aux Cévennes gardoises, en passant par le Gard rhodanien, avec 100 000 voix glanées en deux ans, le RN connaît une ascension fulgurante depuis 2022, à l’image du député Pierre Meurin, qui a frôlé sa réélection dès le premier tour dans la 4e circonscription. Inconnu sur le territoire en 2020, ce dernier enregistre 21 points d’avance sur son adversaire du Nouveau Front populaire (NFP), avec 48,7 % contre 27,4 %.

Après la surprise des législatives de 2022, lors desquelles le RN avait gagné quatre circonscriptions sur six, ce scrutin de 2024 apparaît, aux yeux de Yoann Gillet, comme une confirmation. « Il y a une vague nationale dont nous bénéficions certainement, une adhésion à Jordan Bardella, admet le patron du RN dans le Gard et candidat sur la 1re circonscription. Mais je pense aussi que les électeurs viennent récompenser notre implantation locale et le travail de terrain que nous menons ici depuis des années. » Avec Julien Sanchez, qui fut maire de Beaucaire de 2014 à 2024, il a lancé l’entreprise de dédiabolisation du parti, sur une terre déjà fertile. En 1989, la ville de Saint-Gilles avait élu un maire du Front national et, en 2012, Gilbert Collard devenait un médiatique député lepéniste.

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Dimanche 7 juillet, le Gard pourrait donc devenir un département entièrement conquis par le RN. Un scénario jugé réaliste par ses adversaires. Ce serait « un cauchemar », estime l’élu communiste Patrick Malavieille, vice-président du conseil départemental du Gard, maire de La Grand-Combe, une commune des Cévennes où la gauche résiste : « Je crois que nous sommes passés d’un vote de colère à un vote d’adhésion. Sur la cinquième “circo”, le score du RN [41 %] avec un candidat que personne n’a vu lors de la campagne, c’est inédit ! On a beaucoup de travail à faire. »

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