Tremblement de terre, terramotu, en langue corse. Car c’est précisément un séisme politique qui a secoué l’île, dimanche 30 juin, plaçant pour la première fois quatre candidats du Rassemblement national (RN) au second tour des élections législatives. Partout, de parfaits inconnus ont porté les couleurs du parti à la flamme. Partout, sauf dans la 2e circonscription de Corse-du-Sud, où, avec 35,1 %, François Filoni, 66 ans, dame le pion au député sortant, le nationaliste issu du Partitu di a Nazione Corsa (PNC) Paul-André Colombani, qui siégeait au Palais-Bourbon avec le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT). Ce dernier, à la peine avec ses 26,5 %, accuse un retard de 3 354 voix. Un gouffre à l’échelle de l’île.

« Nous avons mené une campagne de terrain, avec un vrai projet pour la Corse validé par nos instances », se félicite M. Filoni, représentant localement le parti présidé par Jordan Bardella. Cet ancien syndicaliste CGT, qui a présidé le conseil des prud’hommes d’Ajaccio, est loin d’être un inconnu en Corse, où il a milité dans presque tous les partis.

Communiste dans sa prime jeunesse, M. Filoni a ensuite été encarté au Mouvement des citoyens, de Jean-Pierre Chevènement, à la fin des années 1990. « Il est en quelque sorte la pointe de diamant du courant républicain », estimait alors le ministre de l’intérieur du gouvernement Jospin.

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M. Filoni rejoint ensuite la liste d’union de l’ancien maire d’Ajaccio Simon Renucci (divers gauche), en 2001 ; pour, treize ans plus tard, grossir les rangs de son successeur et opposant, Laurent Marcangeli, maire (Les Républicains, puis Horizons) de 2014 à 2022. M. Filoni a claqué enfin la porte du conseil municipal pour prendre les rênes du parti d’extrême droite dans l’île, en novembre 2021.

« Le revirement, c’est sa seconde nature »

Une inconstance qui lui vaut les foudres de ses adversaires politiques au centre de la campagne. « Il a fait le tour du cadran, de l’extrême gauche à l’extrême droite, avec un fil rouge, sa gamelle », fulmine Pascal Zagnoli, secrétaire général du PNC, décidé à mener une campagne rude « contre le RN et contre ce personnage », pour la réélection de son candidat, Paul-André Colombani, en grande difficulté.  « Le revirement, c’est sa seconde nature », complète Paul-Antoine Luciani (Parti communiste français), ancien premier adjoint au maire d’Ajaccio Simon Renucci, notant que « la seule ambition » du candidat RN est d’être « maire d’Ajaccio ».

M. Filoni se rêve en Rastignac, balayant les accusations d’opportunisme : « J’ai toujours été un républicain », maintient-il en annonçant déjà les lois qu’il fera voter au Palais-Bourbon, affichant sa bonne connaissance du droit, surtout social. Il y a trois ans, il reprenait un RN qui était dans l’île « un géant aux pieds d’argile », pesant « une petite soixantaine de cartes de militants », contre mille revendiquées aujourd’hui. « J’ai rejoint le parti de Marine, pas le FN [Front national] de Jean-Marie Le Pen », corrige d’ailleurs le prétendant à l’Assemblée nationale dans une formule qu’il répète à l’envi : « J’ai gardé les fâchés avec la société, mais j’ai mis dehors les fachos. »

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