Olivier Marleix, devant le siège de LR, à Paris, le 12 juin 2024.

A l’entendre, Olivier Marleix affronte un adversaire qui n’aurait ni programme ni visage. « Regardez son affiche. Il y a la photo de [Jordan] Bardella et [Marine] Le Pen et son nom en petit en bas », dit-il du candidat du Rassemblement national (RN), Olivier Dubois, dans la deuxième circonscription d’Eure-et-Loir. Parfait novice en politique, cet entrepreneur francilien a pourtant largement devancé le député sortant Les Républicains (LR), lors du premier tour des élections législatives, le 30 juin (38,3 % contre 25,9 %). Une performance face à celui qui était en outre président du groupe de droite à l’Assemblée nationale.

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Jeudi 4 juillet, au Café des sports de la Ferté-Vidame, les soutiens de M. Marleix cherchent encore la raison de ce résultat après une matinée à distribuer des tracts. « Le candidat RN, personne ne l’a vu avant le premier tour, il a commencé à faire les marchés depuis lundi », avance Christian Bichon, maire d’une petite commune voisine. Olivier Marleix ne cite jamais le nom de M. Dubois. En 2022, il avait battu Aleksandar Nikolic, jeune cadre du RN et habitué des plateaux télévisés. Un rival mieux formé et a priori plus redoutable sur le papier. « Dans le fond, on a des gens qui veulent voter Bardella. Alors, le nom ou la qualité du candidat local devient très secondaire », déclare en soupirant celui qui est député depuis 2012.

Pour renverser la tendance, Olivier Marleix peut compter sur le retrait, et même le soutien, de la socialiste Nadia Faveris, arrivée en troisième position (25,6 %). « Ce n’est pas un cadeau qu’on fait à M. Marleix, c’est un cadeau que l’on fait à la République », a-t-elle expliqué sur Public Sénat.

Un traumatisme

A Dreux, l’alliance entre la droite et l’extrême droite, en 1983, reste un traumatisme pour la gauche. Depuis, le barrage républicain fonctionne comme un réflexe pavlovien. A l’époque, le responsable du Front national (FN, ex-RN) au niveau local, Jean-Pierre Stirbois, s’était allié au RPR pour arracher la mairie aux socialistes. Six ans plus tard, son épouse Marie-France Stirbois, elle aussi engagée au FN, devenait députée de cette deuxième circonscription, à l’occasion d’une législative partielle.

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Olivier Marleix connaît l’histoire politique locale et n’hésite pas à évoquer cette mémoire encore vivace. « Ici, on a su avant les autres ce qu’était vraiment l’extrême droite. Et, contrairement à ce qu’ils disent, ils n’ont pas changé. » Alors, le candidat répète ce message dès qu’il serre une main. Au milieu de la vaisselle dans le centre du Secours populaire de Dreux, une habitante de la « Cité américaine » est désolée pour lui du bon résultat du RN dans son quartier. « Les gens me disent qu’ils les ont jamais essayés, mais moi je n’ai pas envie de faire le test », dit-elle. « J’essaie de dire à ces électeurs que ce n’est pas parce qu’on n’a jamais essayé de sauter du 25e étage qu’il faut le faire », relance Olivier Marleix.

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