Les Britanniques se rendent jeudi aux urnes pour les élections législatives.
Sauf coup de théâtre, les travaillistes devraient retourner au pouvoir, après 14 ans de règne conservateur.
Nigel Farage, l’homme du Brexit, pourrait faire son entrée à Westminster.

Suivez la couverture complète

Rishi Sunak nouveau Premier ministre britannique

Les Français ne sont pas les seuls appelés aux urnes. De l’autre côté de la Manche, la campagne législatives bat là aussi son plein : les Britanniques doivent voter dimanche prochain pour élire les 650 députés de la Chambre des communes. TF1info vous donne les clefs pour comprendre cette élection aux multiples enjeux.

Le Labour grand favori

Après 14 ans de règne conservateur secoués par le Brexit, les travaillistes s’apprêtent à reprendre les rênes du pays. Le Labour dirigé par Keir Starmer, ancien avocat âgé de 61 ans, est en effet crédité d’environ 20 points d’avance dans tous les sondages. Arrivé à la tête du parti il y a quatre ans, après sa débâcle électorale sous la direction du très à gauche Jeremy Corbyn, Keir Starmer a recentré la formation politique. Loin de susciter l’enthousiasme d’un Tony Blair en 1997, il promet néanmoins le « changement » après le « chaos et la division » semés selon lui par les conservateurs, au pouvoir depuis 2010, avec cinq premiers ministres successifs.

Une participation mystère

Après plusieurs semaines d’une campagne qui n’a pas déchainé les passions et avec un Labour donné gagnant, la question taraude les esprits : les électeurs vont-ils se déplacer en nombre ? Les dirigeants du Labour n’ont pas caché leur inquiétude, d’autant que des dizaines de sièges se jouent dans un mouchoir de poche. La participation (67,3% en 2019) apportera un indicateur de la défiance des Britanniques pour leur classe politique, un défi pour le prochain gouvernement.

L’énigme Nigel Farage

Nigel Farage parviendra-t-il à faire son entrée à Westminster ? Le champion du Brexit en 2016, devenu depuis la figure de la droite dure anti-immigration et anti-système sur les plateaux télévisés, a fini par se lancer dans la course à la tête du parti Reform UK. Si sa huitième tentative d’entrer au palais de Westminster est la bonne et qu’il est élu député de la station balnéaire de Clacton-on-Sea (Est de l’Angleterre), Nigel Farage, apprécié de Donald Trump, disposera d’une visibilité inédite. 

S’il échoue, le niveau de Reform UK (19% en moyenne dans les sondages) restera néanmoins déterminant pour départager Labour et Tories dans de nombreuses circonscriptions. Seule certitude : la dernière ligne droite de la campagne s’est révélée compliquée pour le parti. Des membres ont été filmés à leur insu, tenant des propos racistes ou homophobes, conduisant Farage à les écarter.

Les conservateurs au second plan

Plusieurs sondages s’attendent à un nombre de députés jamais vu pour les Tories depuis la création du parti en 1834, avec un nombre inférieur aux 141 députés de 1906. Les médias britanniques spéculent déjà sur la succession du Premier ministre actuel Rishi Sunak à la tête des Tories. Reste à voir quelles personnalités sauveront leur siège de député et quelle orientation en émergera pour ce parti, centriste sous David Cameron (2010-2015) puis dérivant vers la droite. Et cas de succès de Reform UK, certains Tories ne verraient pas une alliance d’un mauvais œil.

Un pays en crise

La situation au Royaume-Uni a été la toile de fond de la campagne, et le pessimisme prévaut. Si les Britanniques aspirent au changement, ils doutent plus que jamais de leurs dirigeants politiques : 37% pensent que l’économie continuera à se dégrader selon un sondage Ipsos (28% qu’elle s’améliorera). Seulement 20% pensent que le pays va dans la bonne direction. Et 53% pensent que le Brexit, point de rupture et psychodrame national, a eu un impact négatif.

À l’origine de ces chiffres : un pays qui s’enfonce dans la crise. La croissance et la productivité stagnent, la fiscalité est au plus haut depuis 70 ans. Souci majeur d’une population vieillissante, le système de santé public NHS est au plus mal : selon les dernières données du NHS, 7,57 millions d’interventions non-urgentes, comme une opération de la cataracte ou du genou, sont sur liste d’attente. C’est pratiquement trois fois plus (2,6 millions) que lorsque le conservateur David Cameron a gagné les élections en mai 2010.

Certes, le taux de chômage au Royaume-Uni est à son plus bas niveau depuis les années 1970. Mais les inégalités de revenus n’ont par ailleurs pas cessé de se creuser depuis 2012, faisant du Royaume-Uni l’un des pays les plus inégalitaires d’Europe et du G7, selon l’OCDE. Au début des années 2000, les banques alimentaires existaient à peine au Royaume-Uni. Quatorze ans plus tard, il y a davantage de banques alimentaires que d’hôpitaux dans le pays, avec 1699 centres gérés par le Trussell Trust, plus vaste réseau de banques alimentaires dans le pays, et au moins 1172 centres indépendants. 


T.G.

Partager
Exit mobile version