Historiquement, les revendications sur les conditions de travail et celles sur le temps passé à travailler étaient étroitement liées, ce que l’on comprend à l’époque où le travail était pour beaucoup de travailleurs un labeur qui mangeait une grande partie de leur vie. Mais aujourd’hui, si la question du « travailler mieux » reste d’actualité, celle de la quantité de travail se pose très différemment qu’aux XIXe et XXe siècles.

Lire aussi l’entretien (2024) | Article réservé à nos abonnés Que fait-on du travail ? : « Si, demain, il y a un indicateur de qualité au travail, il y a de fortes chances qu’il soit regardé »

L’opposition à la récente réforme des retraites peut être lue comme le signe que de trop nombreux Français ne sont pas heureux dans leur emploi : le sujet sur la qualité du travail n’a pas disparu. On sait par exemple que la France se singularise par un taux d’accidents du travail élevé et par des pratiques de management très verticales.

Mais sur la quantité de travail, la réalité pour les moins qualifiés n’est plus qu’ils travaillent trop mais, au contraire, qu’ils sont trop souvent exclus du marché du travail. Une récente note du Conseil d’analyse économique (CAE) sur le plein-emploi indique que le nombre moyen d’heures travaillées par les moins diplômés s’est effondré de 40 % en trente ans, bien plus que dans d’autres pays comparables. Cela est dû au fait que nombre d’entre eux sont au chômage ou inactifs.

Objectif de plein-emploi

L’enjeu n’est donc certainement pas de travailler moins – la revendication d’autrefois –, mais de travailler tous. Par ailleurs, trop de salariés en France, en particulier des femmes, sont dans des emplois à temps partiel alors qu’ils souhaiteraient être à temps plein, ou du moins travailler davantage. Il faut œuvrer pour faciliter cela.

L’objectif de plein-emploi se justifie également par des considérations économiques. Les heures totales travaillées en France correspondent à cent heures de moins par an par habitant que chez nos voisins européens (et trois cents heures de moins qu’aux Etats-Unis). Cela implique moins de cotisations sociales et de recettes fiscales et davantage de dépenses, avec les conséquences que l’on connaît.

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