Nul ne sait où s’arrêtera la tempête Trump, si elle dérivera vers un système autoritaire fascisant ou si elle se calmera, privée d’énergie, certes tardivement et avec bien des dégâts. Mais si, comme on le croit, la démocratie américaine finit par prévaloir, ces années auront été marquées par une autre révolution, digne de la machine à vapeur : l’intelligence artificielle (IA). C’est elle qui permet au trumpisme de résister, dopant une économie dont la croissance atteindra, en dépit du chaos de Washington, 1,8 % en 2025, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), contre 0,6 % en France.

On ne résiste pas à la cruauté de rappeler les propos tenus par Jean-Noël Barrot, alors ministre délégué du numérique français, en février 2023, quelques mois après la révélation du robot conversationnel d’OpenAI : « A ce stade, ChatGPT n’est qu’un perroquet approximatif qui restitue parfois un peu maladroitement les sommes astronomiques d’informations qu’il a compilées sur Internet. »

Deux ans et demi plus tard, les « perroquets » ont tellement progressé qu’ils sont en concurrence avec les humains. « A l’avenir, 40 % du travail des entreprises du Fortune 1000 seront probablement réalisés par l’IA, et ce seront des humains et des IA qui travailleront ensemble », a déclaré, jeudi 9 octobre, Paul Harris, cofondateur de Salesforce, le numéro un mondial des services aux entreprises, à la veille de sa grand-messe annuelle à San Francisco, en Californie.

Lire aussi le décryptage | Article réservé à nos abonnés Aux Etats-Unis, l’IA bouleverse déjà le marché du travail et les prédictions de « jobs apocalypse » se multiplient

En Europe, la réaction à de tels propos est de broyer du noir et de méditer sur les prédictions sombres du patron de Ford, Jim Farley, cité par le Wall Street Journal en juillet : « L’intelligence artificielle va remplacer littéralement la moitié des “cols blancs” aux Etats-Unis. »

Mais à San Francisco, où la pénurie de main-d’œuvre et les salaires extravagants de la tech sont plus un problème que le chômage, on y voit au contraire une source de progrès. « On essaye tous d’avoir plus de salariés, pourtant, on n’arrive pas à recruter suffisamment. (…) On entre dans un monde où l’on pourra recruter de l’IA », a expliqué M. Harris.

Il vous reste 50.88% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version