« Les Aventuriers de l’arche de Noé » (2024), de Sergio Machado et Alois Di Leo.

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Au commencement se trouvaient deux souris, Vini et Tito, musiciennes, compositrices et chanteuses entièrement occupées à leur rêve : devenir des stars de music-hall. En vain : les réseaux sociaux demeurant sourds à leur talent, rien ne venait. Puis, un jour, non loin de là, Dieu s’adressa à Noé. Et lui demanda de construire un bateau pour y rassembler un couple de chaque espèce animale afin de les sauver du déluge prêt à advenir.

Ce à quoi le brave homme s’attela avec ferveur. Il chargea les oiseaux de porter à la faune concernée les invitations et bâtit l’arche sans attendre. Les deux souris n’ayant reçu aucun carton entreprirent, le temps venu, de forcer le passage. Au terme de multiples revers de fortune, elles parvinrent enfin à monter à bord, au milieu de bêtes et de bestioles bien plus volumineuses et moins affables qu’elles.

Concours de type télé-crochet

Il est aisé d’imaginer la fantaisie à laquelle peut donner libre cours un tel prologue. Sur ce point, le film d’animation des Brésiliens Sergio Machado et Alois Di Leo ne déçoit pas, qui, au terme d’une exposition rondement menée, va s’appliquer à transformer ce huis clos naviguant sur les eaux en Croisière s’amuse. Et ce, malgré les difficultés que ne manquera pas d’engendrer la cohabitation d’espèces, dont la nature instinctive diverge du tout au tout, le lion prédateur, par exemple, ne faisant guère bon ménage avec ses compatriotes. En particulier avec les plus petits, que son appétit pousse à vouloir dévorer.

Et, comme il n’existe point de croisière sans concert ni spectacle, l’arche – d’abord lieu de conflits et de batailles échevelées – se métamorphosera, au deuxième tiers du film, en une vaste scène musicale – prétexte à un concours de type télé-crochet dont le projet, en plus de divertir, vise à prouver que la musique adoucit les mœurs et attendrit le cœur des plus cruelles créatures de la planète. Destiné aux enfants, Les Aventuriers de l’arche de Noé n’hésite pas à faire feu de tout bois, au risque de nuire à l’unité du propos et à la dimension politique du récit souhaitée par les réalisateurs et le scénariste Sergio Machado. Lequel s’est inspiré des poèmes écrits sur l’arche de Noé par le poète, parolier et compositeur brésilien Vinicius de Moraes (1913-1980).

Certes, on comprend au début que, avec le Déluge, une catastrophe climatique se prépare. On saisit ensuite, sans difficulté, qu’il est préférable pour les plus vulnérables de s’unir pour affronter les tyrans et que l’art est un bon remède contre la barbarie. Cependant, tous ces messages se noient dans une surenchère visuelle – à laquelle il faut reconnaître une richesse incontestable – et perdent de leur puissance à mesure des changements de genre que le film opère.

Il vous reste 3.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version