Un cri surgit dans la nuit. « Mamaaaan ! » Comme convenu avec ladite maman, c’est à moi, cette nuit-là, de me lever pour aller consoler l’enfant, lui donner à boire, vérifier si elle a de la fièvre. J’entre dans la chambre de Junior. Les cris s’intensifient : « Je veux pas papa », gémit ma fille, 2 ans. « Je veux mamaaaaan. » Je tente de la rassurer, de lui expliquer que sa mère « fait dodo », et que « je suis là ». Rien n’y fait. Sa mère, qui a entendu les appels qui lui sont destinés, se lève à son tour. L’enfant lui tend les bras, ferme les yeux, et s’endort presque instantanément.

En retournant au lit, je ne parviens pas à m’ôter de l’esprit une question : les enfants seraient-ils en partie responsables du déséquilibre entre les pères et les mères ? Les bébés seraient-ils des défenseurs inconscients du patriarcat et de la charge mentale des femmes ?

L’inégalité devant les tâches parentales est bien documentée. En 2010, les femmes françaises y consacraient près d’une heure quarante par jour, là où les hommes n’y passaient qu’environ trois quarts d’heure, selon une étude de l’Insee publiée en 2015.

En France, « les politiques familiales ont beaucoup agi sur la première phase de la révolution de genre – l’accès des femmes au marché du travail –, mais très peu sur la seconde – le partage des tâches domestiques et parentales », a expliqué récemment le sociologue Romain Delès, dans un entretien accordé à ma consœur Anne Chemin. « Ce régime entraîne donc une “double journée” pour les femmes : elles sont bien intégrées dans l’emploi, mais elles continuent à assumer l’immense majorité des tâches au sein du foyer », poursuit le chercheur.

Il vous reste 72.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version